Avis de Benjamin : "Ils ne sont pas vraiment francs, ces trois frères trois points"
Le premier tome de cette série se déroulait au moment de la Révolution française et entendait nous montrer comment cet évènement bouleversa la franc-maçonnerie. Avant 1789, la présence dans les loges des hommes d’Église est chose courante et le petit-fils de Madame de Montespan puis Philippe d’Orléans (futur Philippe Égalité et père de celui qui deviendra Louis Philippe) sont nommés Grand Maître. Cette proximité du pouvoir explique que la condamnation de 1738 de la franc-maçonnerie par le Pape ne fut jamais enregistrée par le Parlement de Paris. On y évoquait aussi celui qui fut à l’origine de l’idée que la Révolution française était un complot franc-maçon, à savoir l’abbé Lefranc ; ce dernier meurt lors des Massacres de septembre 1792.
Le second volume de cette série nous décrit la franc-maçonnerie, à un autre moment crucial tant de sa propre évolution que de l’histoire de France. En effet c’est une période où deux rites entrent en concurrence à savoir le rite écossais venu, comme son nom ne l’indique pas d’outre-Atlantique et le rite français. C’est aussi une époque où la franc-maçonnerie est à la fois surveillée par la police de l’Empire et aux mains d’une cohorte de généraux et grands notables d’alors. L’ouvrage ne le dit pas mais pour un pays en guerre quasi continuelle durant un quart de siècle, la franc-maçonnerie est une sorte d’assurance-vie pour ceux qui en font partie. Nombre d’officiers français, dans leurs mémoires, rapportèrent que s’étant fait connaître comme franc-maçon ils bénéficièrent d’un traitement de faveur lorsqu’ils furent faits prisonniers. Si la franc-maçonnerie hexagonale compta toujours un nombre non négligeable de militaires, il faut en voir là l'origine.
Dans "Fraternités, 2", on retrouve un père et ses deux fils. L’un d’entre eux a rompu avec sa famille et la première phrase de Didier Convard, le préfacier du tome premier est le resort de l’action dans nombre de des sens que l’on peut y mettre. Cette maxime est : «Ce fut et ce sera toujours ainsi : le frère tue le frère». Bref des rivalités personnelles entre francs-maçons (s’appelant mutuellement "frère") et frères biologiques, avec en plus une pincée de sel d'opposition entre deux obédiences et un ajout de poivre de contrôle idéologique sont là les ingrédients qui nous sont offerts. Le graphisme est à la hauteur des très bonnes BD historiques ; l’action est exclusivement dans un Paris où par exemple on met bien en évidence que par exemple le cimetière du Père-Lachaise est hors les murs. Un avant-propos et quelques pages documentaires permettent à un béotien, en matière de connaissances sur la franc-maçonnerie, de s’y retrouver. On peut se risquer à découvrir le second tome, sans avoir lu le premier.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations
http://cite-du-vatican.over-blog.com/article-30-avril-1784-francois-charles-de-velbruck-94263280.html
http://perso.infonie.be/liege06/16seizeu.htm