Avis de Adam Craponne : "Améliorer ses connaissances sur l’Empire avant qu’elles n’empirent"
Voici un autre ouvrage intéressant autour de la période napoléonienne, il s'agit de "Guerres et armées napoléoniennes : nouveaux regards", il est le fruit d’un colloque tenu à l’École militaire à la fin 2012. On peut y lire près de trente textes en dehors de l’avant-propos de Thierry Lentz, l’introduction des trois directeurs de la publication (Hervé Drévillon, Bernard Fonck et Michel Roucaud) et la conclusion d’Alan Forest. S’y ajoute de très intéressantes annexes qui proposent des cartes géographiques (dont celle mettant en scène la bataille d’Austerlitz), un organigramme des institutions militaires, des tableaux ou histogrammes permettant de connaître par exemple le nombre de soldats sous les drapeaux. Le maximum atteint pour les originaires de l’empire français, à savoir en gros les habitants de la France dans ses frontières d’aujourd’hui, plus ceux des trois états actuels du Bénélux, ceux de la Toscane, du Piémont et de la Rhénanie, est de 1 038 000.
L’ouvrage est divisé en quatre chapitres: la Grande Armée en campagne, les hommes de la grande armée, la Grande Armée dans la société du premier empire, traces et mémoires des campagnes de la Grande Armée. Pour la première division, on retiendra en particulier un texte sur la collecte du renseignement, un autre qui réfléchit sue le concept de bataille décisive, l’action combattante de la gendarmerie en Espagne en toute illégalité par rapport à ses missions officielles.
En seconde partie on trouve par Bernard Gainot une étude un régiment étranger, théoriquement composé d’Allemands. C’est celui du colonel de la Tour d’Auvergne. On apprend successivement pages 214 et 219, d’abord que ce dernier a combattu les armées françaises de 1792 à 1794, ensuite qu’on trouve parmi les officiers au passé à peu près semblable à leur colonel comme Louis-Maurice de Couffin du Valès ou des fils et neveux de généraux contre-révolutionnaires des armées catholiques et royales de l’Ouest comme le fils du général Scepeaux, le neveu de Charrette (qui a fourni cent hommes de sa région) et last not least des parents de notabilités comme le fils du général révolutionnaire Leclaire (et non Leclair) ou l’oncle de l’impératrice Joséphine. L’évolution de la conscription toujours inégalitaire, qui voit les appelés devenir des militaires de carrière car jamais libérés en raison des guerres (ou préparation de guerres) quasi continuelles et qui voit dans les dernières années de jeunes de 18 et 19 ans comme soldat alors que l’âge légal d’appel est de 20 ans. L’auteure ne le dit pas mais les grognards les appellent les Marie-Louise en raison de leurs jeunes traits.
Le troisième chapitre évoque : la conspiration du général Mallet sans apporter d’informations nouvelles, comment les civils fêtent et craignent les militaires (qui s’opposent parfois aux administrations), quels sont les fonctionnaires et les ministres successifs gèrent les affaires de la guerre, les essais de rallier des familles nobles principalement de l’Ouest (au passé contre-révolutionnaire) en donnant à leur fils un poste de gendarme d’ordonnance et le succès très relatif qui s’en suivit (400 volontaires dont d’Albignac qui grâce à la reine Hortense devient général puis ministre de la Guerre du royaume de Westphalie), la surveillance politique effectuée par certaines autorités militaires. Pour la quatrième partie on dispose d’une historiographie de la bataille de Waterloo, on voit donc comment chez les historiens français la perception de cette bataille et de ses conséquences immédiates est offerte. Plusieurs articles s’interrogent sur les représentations artistiques de la Grande Armée, les discours successifs autour des collections au Musée de l’Armée, la caractérisation possible des guerres napoléoniennes. La lecture de cet ouvrage permet de mieux appréhender les liens qu’entretenaient entre elles l’armée, la puissance politique et la société civile.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations
https://www.lavoixdunord.fr/1004569/article/2021-05-16/l-histoire-bacler-d-albe-la-meilleure-carte-de-napoleon