Avis de Adam Craponne : "Napoléon a perdu des plumes à Waterloo, Frédéric de Châteauvieux a ramassé l’une d’elles"
« J’aurais voulu étudier la guerre aussi dans les livres mais je n'en avais point. Je cherchai à me rappeler le peu que j'avais lu dans l'histoire, et je comparais ces récits avec le tableau que j'avais sous les yeux. Je me suis fait ainsi une théorie de la guerre, que le temps a développée, mais n'a jamais démentie.
Je menai cette vie insignifiante jusqu'au siège de Toulon. J'étais alors chef de bataillon, et comme tel, je pus avoir quelque influence sur le succès de ce siège. Jamais armée ne fut plus mal menée que la nôtre. On ne savait qui la commandait. Les généraux ne l’osaient pas de peur des Représentants du peuple ; ceux-ci avaient encore plus de peur du Comité de Salut public ».
Voici un extrait du célèbre Manuscrit venu de Sainte-Hélène d'une manière inconnue paru en 1817, ces mémoires attribuées à Napoléon Ier sont en fait de la plume de Frédéric Lullin de Châteauvieux. Ce dernier est né le six mai 1772 à Genève et mort dans la même cité le vingt-quatre septembre 1841. C’est le fils de Jacques André entré à quinze ans dans les armées françaises en 1743 ; ce dernier est le colonel et propriétaire du régiment de Châteauvieux, composé de soldats suisses qui se révoltent en août 1790 aux côtés de militaires français.
Notre Frédéric de Châteauvieux est lui officier au service de France jusqu'en 1790 au moment où le régiment de son père, où il sert, est dissous. Il est sous l’Empire membre du Conseil général du département du Léman, premier inspecteur des dépôts de laine de mérinos du quatrième arrondissement français en 1812, siège au Conseil représentatif de Genève de 1814 à 1837 et un temps maire de Satigny. Il fréquente Mme de Staël, Benjamin Constant et la famille du père de Camillo Cavour. Il fréquentait de nombreuses sociétés savantes, écrivit divers ouvrages et est reconnu comme un important agronome du XIXe s. Du point de vue politique, il est proche de Benjamin Constant et de Jean de Sismondi qui prône une intervention de l’État pour protéger les ouvriers face aux conditions imposées par les patrons de l’époque.
L’auteure de cet ouvrage alterne les moments liés à l’histoire de Frédéric de Châteauvieux avec ceux où elle évoque la vie présente de Daniel de Roulet, à la fois son ami et un descendant du personnage historique qu’elle évoque.
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