Napoléon d’Ajaccio à Waterloo

Voilà un livre très et fort bien illustré, du moins à une exception ; en effet pour expliquer que les soldats de Napoléon avaient des chaussures faisant aussi bien pied gauche que pied droit on a mis en photographie une paire de mocassins européens du XXe siècle finissant.

Sur la première page il est fait un résumé de l’histoire de France de la  Préhistoire à 987, si l’ambition est grande mais salutaire il est bien hasardeux de vouloir comparer la situation monarchique française avec celle de l’Angleterre ou de l’Allemagne en les disant similaires. En effet pour l’Allemagne et la France elles sont diamétralement opposées, dans un cas l’empereur très puissant voit son pouvoir décliner et dans l’autre un seigneur local va assurer l’agrandissement du domaine et des prérogatives royales. Heureusement on a tout lieu de penser que les enfants ne retiendront rien de cette fausse affirmation.

Par ailleurs pour tout ce qui concerne la page sur la première partie de la Révolution française (1789-1792) puis autour de Napoléon Bonaparte par la suite, le texte est irréprochable. Les faits sont bien vulgarisés, comme par exemple page 17 la bataille de la Bérézina où on montre à la fois le dévouement des sapeurs et les limites du résultat puisque seulement la moitié des 70 000 hommes profitent de ce travail puisque Napoléon fait prématurément incendier les ponts de peur que des soldats russes puissent les emprunter. L’expression "c’est la Bérézina" est mis en exergue.

Une page s’attache à développer un point précis et parfois un fort pertinent auquel on n(aurait pas pensé comme "Pas de chevaux, pas de victoire" page 19 où est bien pointé que lors de l’armistice de 1813 les coalisés font réquisition de chevaux, ce que Napoléon ne peut plus faire (il a perdu la très grande majorité de ceux dont il pouvait disposer lors de la Retraite de Russie), sur cette page est en évidence une phrase de Napoléon qui montre que l'Empereur n’est pas prêt à négocier une paix de compromis. Des ouvrages historiques de niveau universitaire ont bien montré que les défections de Talleyrand et de certains de ses généraux, voir du fils de Joséphine, sont liées à cette obstination.

Outre un texte précis et assez léger en nombre de mots, une page propose trois cinq illustrations différentes et des points de focalisation intitulés par exemple: "Il lui dit",  "Anecdote",   "Le savais-tu".

Bref pour un lectorat de 9-12 ans, voilà un ouvrage très bien fait et si l’enfant mémorisait l’ensemble des connaissances apportées il serait bien plus expert sur la période du Consulat et de l’Empire du point de vue militaire que la très grande majorité des adultes français ou belges (ici l’éditeur est d’ailleurs d’outre-quiévrain). L’œuvre intérieure n’est toutefois pas négligée puisque la page 34 lui est entièrement consacrée.