Mémoires d’un paysan bas-breton, 2 Le soldat

Voici donc le second tome qui raconte la vie de  Jean-Marie Déguignet né en 1834 dans un village finistérien en 1834 et mort en 1905 à Quimper. Parvenu à se faire engager dans diverses fermes comme vacher, il a appris de façon autodidacte à lire le breton et le français (d’après le récit de la BD).

Il décide de s’engager dans l’armée. Ceci nous vaut un récit du siège de Sébastopol en Crimée, un aperçu des guerres visant à construire l’unité italienne et un épisode de la conquête de la Kabylie. Conquête très violente comme il est intéressant de le montrer.   

Contrairement au narrateur du récit originel, le scénariste n’a rien compris au traité de Zurich de 1859, et l’adaptation des propos de Jean-Marie Déguinet, à la vignette 5 de la page 66, relève de la confiture d’ânerie en matière historique. Ceci est fort inquiétant car on se dit que si le scénariste est capable de produire un tel contre-sens en ajoutant des commentaires personnels aussi inouïs, il a bien dû ailleurs trahir la pensée et le vécu de notre paysan bas-breton.

Un autre exemple est d’ailleurs la taille ridicule, par rapport à ses contemporains, qu’il attribue au héros. Alors qu’il se présente pour s’engager, d’après le texte originel on peut l’évaluer à  1 m 55, ce qui la place à 10 cm en dessous de la moyenne de l’époque pour les hommes. Ceci est sensible mais en aucun cas extraordinaire. Qui peut pense que l’armée du Second Empire, qui ne pratique pas la conscription universelle, se serait encombrée d’un nain ?

Par ailleurs, il aurait été bon de montrer que le maire d’un village l’aide à finir d’apprendre à lire le français, lui expliquant en particulier le cas des lettres muettes.  On apprécie beaucoup le graphisme dynamique et élégant.