Avis de Adam Craponne : "La conquête du Caucase à la cosaque"
Cette conquête russe du Caucase s’effectue en fait jusqu’en 1877 puisqu’après la Guerre russo-turque de 1877-1878, la Russie arrache encore Erzeroum, Batoumi (en Adjarie), Kars, Ardahan et Bajazet. Toutefois elle devra rendre à la Turquie en 1921 la région côtière de Kars, turque une trentaine d’années plus tôt, et même un petit territoire possession perse avant 1828 autour d’Iğdir. Dans cette dernière ville est né en 1866 Avétis Aharonian, représentant la République d’Arménie aux négociations des traités de paix qui suivent la fin de la Première Guerre mondiale à Paris.
Si on trouve encore aujourd’hui des Tcherkesses (ou Circassiens) pour deux millions environ en Turquie, par dizaine de milliers en Syrie et en Jordanie, mais aussi en plus petit nombre en paticulier en Israël, Lybie ou Monténégro par exemple, c’est qu’ils subirent le 21 mai 1864 à Sotchi ce que certains appellent le premier génocide. De plus un million de gens de ce peuple furent poussés à l’exode vers l’Empire ottoman, et 200.000 d’entre eux n’en survirent pas. Toutefois à ce jour 700.000 Circassiens résident en fédération de Russie. Lawrence d’Arabie essaya de se faire passer pour l’un des leurs, vu leur physique habituel, lorsqu’il fut fait prisonnier par les Turcs durant la Première Guerre mondiale. Voir sur l'exil des Circassiens https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20120229193542768/
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, le Caucase est en gros sous influence perse à l’est et turque à l’ouest. Si obtenir cession de territoires, à un moment où la Turquie ou la Perse sont en priode de crise fut chose assez aisée, faire accepter le pouvoir russe par les populations locales fut bien plus difficile.
Le christianisme n’a pu se maintenir qu’en Géorgie (du moins en grande partie) et en Arménie au XVIIIe siècle ; la conquête russe, sous les tzars, ne s‘est traduite que par le basculement de la majorité des Ossètes de l’islam vers le christianisme orthodoxe. Un Avar, nommé Chamil, mène dans les années 1830, 1840 et 1850 mène une sérieuse résistance en imposant un islam strict. Le déclenchement de Guerre de Crimée permet à la rébellion de s’étendre un peu plus et c’est au Daghestan qu’en 1859 Chamil est fait prisonnier.
Après nous avoir raconté cette révolte et celle parallèle des Circassiens, l’auteur s’intéresse aux armes des Caucasiens. Le dernier chapitre traite des caractéristiques des troupes russes qui firent la conquête du Caucase. Dans la conclusion, Iaroslav Lebedynsky évoque certaines conséquences régionales des deux révolutions russes, de la Seconde Guerre mondiale et de l’éclatement de l’URSS (il fait d’ailleurs l’impasse sur la question du Haut-Karabagh).
En annexe on a la liste des principaux peuples qui habitaient le Caucase au XVIIIe siècle avec des informations sut leur groupe linguistique. Une chronologie, sur quatre pages, cour de 1556 avec l’annexion du khanat d’Astrakhan qui amène la frontière russe sur la rivière Térek depuis son cours moyen jusqu’à son embouchure sur la Mer Caspienne jusqu’à Guerre russo-turque de 1877-1878. On apprécie les très nombreuses illustrations souvent en couleurs et les deux cartes de géographie historique parfaitement lisibles (ce n’est pas toujours le cas chez d’autres éditeurs). La lecture de cet ouvrage permettra de mieux comprendre les situations particulières actuelles de nombre de régions caucasiennes.
Pour connaisseurs Quelques illustrations
https://oumma.com/les-troublantes-conversions-des-musulmans-dadjarie/