Avis de chevry : "une fresque éblouissante"
La Révolution de 1830, les "trois glorieuses" , la chute des Bourbons et la fuite de Charles X nous sont proposées de façon éblouissante : le lecteur participe à l'action avec ce pouvoir d'ubiquité qui le met sur les barricades comme au coeur du palais de St Cloud. On sent la poudre des fusils et celle des perruques de la Cour dans une fresque dont l'auteur a visiblement pris plaisir à noter chaque détail.
Nous sommes dès le premier chapitre plongés dans l'étiquette de la Cour des Bourbons, les jeux de préséance et le luxe inouï des vêtements et du mobilier, les manoeuvres des courtisans, l'aveuglement politique des nostalgiques de l'ancien régime. Et aussitôt c'est l'enchainement irrésistible des réactions républicaines et bonapartistes : nous sommes alors transportés dans les imprimeries des journaux interdits, avec les premières barricades. Nous guettons la troupe et ses canons en suivant ceux qui font l'Histoire : La Fayette, Thiers, les banquiers (déjà !), Talleyrand, le maréhal Marmont, la famille d'Orléans cachée à Neuilly. Nous sourions aux apparitions des célébrités : Chateaubriand, Alfred de Vigny, Sendhal, Dumas, qui n'ont pas tous saisi l'importance des événements.
Puis nous occupons les lieux de pouvoir : St Cloud, les Tuileries, le Palais Royal, les rues du centre de Paris, au milieu des bruits et des mouvements tantôt familiers tantôt à la mesure de la révolution qui explose en ces quelques jours.
La prise du pouvoir est à portée de main de chacun : l'auteur nous rend témoin des hésitations, revirements, tentatives de tous bords pour s'emparer de ce pouvoir abandonné par la Couronne : il s'en faut de peu pour que la République renaisse, que les nostalgiques de l'Empire reviennent ou que la réaction rase Paris pour s'imposer. Le duc d'Orléans est investi preque malgré lui. C'est alors, en deuxième partie du livre, la fuite de Charles X au travers de la Normandie pour gagner un port. Le lecteur vit cette deuxième partie de façon haletante, jour après jour. Nous sommes dans les fourgons et sur les chevaux des gardes, au milieu des paysans hébétés le long des routes et dans les auberges qui accueillent la famille royale épuisée mais toujours consciente de son rang.
On sort de ce roman riche de connaissances insoupçonnées sur les hommes, les lieux, les événements de ces quelques semaines d'été. Nous avons participé aux événements!
L'auteur aime décrire, au risque de la saturation mais cet excès n'était-il pas précisément la caractéristique des protagonistes de cette révolution ? Avec lui, nous perçevons que la "grande Histoire" est indissociable des anecdotes et aléas de la contingence (ne ratez pas les passages sur la Duchesse du Berry !).
Il faut bien une remarque : on regrettera l'absence d'une généalogie simplifiée de la famille royale élargie. Et peut-être d'un plan de Paris du XIXème siécle, avant les bouleversements d'Haussman.
coup de coeur !Pour tous publics Aucune illustration Plan chronologique