Avis de Xirong : "Le nègre s’éclate au 14 juillet 1903 à Fort-Crampel dans le Congo français"
L’ouvrage est sous-titré Le premier secret d’état de la "Françafrique". Dans Les méthodes coloniales au Congo-Brazzaville de 1885 à 1958: Analyse socio-économique et devoir de mémoire, André Engambé rappelle pour célébrer la fête nationale on avait fait, en guise de feu d’artifice, sauter un indigène avec de la dynamite. Ceci n’est connu qu’en 1905 en métropole et entraîne, à la demande en particulier de Jean Jaurès, une commission d’enquête sur la situation des indigènes au Congo français, qui a pour nom Afrique équatoriale française et regroupe les actuels états du Congo Brazzaville, du Gabon et du Centrafrique.
Cette mission est confiée à Pierre Savorgnan de Brazza, un idéaliste qui croyait en la mission civilisatrice de la France et avait, dans les années 1870 et 1880, exploré toute la région en question et l’avait placée sous la protection de son pays. S’opposant à l’arrivée des compagnies concessionnaires, il doit quitter l’AEF et rejoint Alger en 1891. Les sociétés qui se partagent l’exploitation de cette région ne se comportent pas mieux que celles aux pratiques extrêmement violentes du futur Congo belge (alors propriété personnelle du roi d’outre-quiévrain). Afin de se procurer essentiellement caoutchouc et ivoire, les compagnies soumettent les indigènes aux travaux forcés et réquisitions avec la complicité des fonctionnaires français locaux.
De retour au Congo français, Brazza découvre l’inimaginable et rencontre Mgr Augouard qui dirige nombre de missions évangélisatrices. Précisons que ce dernier reçoit des financements des fidèles catholiques en argumentant qu’il transforme des cannibales en chrétiens. Dans cet album, ce dernier semble vouloir se faire le protecteur des indigènes. Brazza voit aussi Charles Mangin, le théoricien de la Force noire, destinée à aider la France à contenir l’envahisseur allemand.
Non sans difficulté, et après la mort en septembre 1905 de Brazza à Dakar, un rapport est remis au ministre des colonies d’alors. Si le nom de celui-ci qui se refuse à faire connaître les conclusions de Brazza sur la situation des indigènes en AEF, l’Auvergnat Étienne Clémentel, est donné, par contre n’est pas précisé celui qui est mis en scène en tant qu’enterrant définitivement ce rapport. Il s’agit de Raphaël Milliès-Lacroix, alors sénateur des Landes.
Le graphisme est plutôt dans le style caricatural, il est porté par des couleurs suggérant bien l’univers équatorial du Congo français. Une quinzaine de pages documentaires de trouve à la fin de l’ouvrage.
coup de coeur !
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