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L’anticléricalisme féministe sous la IIIe République

L’anticléricalisme féministe sous la IIIe République
L’Harmattan 175 pages
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Avis de Adam Craponne : "Je montrerais mes seins lorsque les curés s’éclaireront à l’auréole de leurs saints"

« Je montrerais mes seins lorsque les hommes montreront leurs c… », la formule est de Madeleine Pelletier et nous l’avons parodiée. L’on sait que si les Françaises n’ont pas accéder au droit de vote dans l’Entre-deux-Guerres, elles le doivent aux sénateurs radicaux et en particulier à deux d’entre eux qui ont en commun d’être poitevins, quoique élus de deux départements différents. L’un fut le maire de Bressuire René Héry pendant quarante ans et Raymond Duplantier sénateur de la Vienne. De ce dernier on retiendra l’intervention du 28 juin 1932 :

«Vous allez augmenter le nombre de femmes alcooliques si vous leur accorder le droit de vote: en les appelant à la fréquentation des réunions électorales et aux réunions de café qui suivent celles-ci, vous ne manquerez pas de développer l’alcoolisme que vous avez la légitime prétention de combattre.»

René Héry rappelle que «  les intérêts les plus élevés, les plus graves, les plus poignants de notre pays sont débattus à Lausanne, à Genève, et vous y feriez apparaître les femmes avec leur faiblesse infiniment respectable, leur manque d’équilibre physiologique, et vous ne seriez pas inquiets ? ».

Toutefois ce n’est pas à la seconde partie de la IIIe République que notre auteure s’intéresse mais celle qui court de 1870 à 1914. Durant cette période la République se consolide progressivement et même si certains catholiques se rallient à son idée avec la "Bénédiction" du pape Léon XIII, la ligne de partage passe entre la droite et la gauche autour de l’hostilité ou non à l’égard de l’Église.  De l’Église les femmes aux idées avancées n’attendaient pas grand-chose, par contre soutien de l’école laïque (même si elle n’est pas mixte) les féministes espéraient un soutien.

Les idées anticléricales sont portées à la Belle Époque d’un côté par les radicaux et les mouvements philosophiques qui leur sont liés, à savoir les francs-maçons et les adhérents à la Libre pensée et par ailleurs par la nébuleuse socialiste qui finit par s’unifier en 1905 dans la SFIO ainsi que par la CGT essz influencée par les anarchistes.

Maria Deraimes, née en 1828 à Paris, est une figure féministe qui s’engage pour la République afin de la dégager de l’influence des conservateurs et partisans de l’Ordre moral.  Elle est à l'origine en 1892 de la création de l'ordre maçonnique mixte international "Le Droit Humain". Auparavant elle avait été initié à la loge du Pecq en 1882 mais sa loge fut suspendue de la Grande Loge symbolique écossaise jusqu’à ce que Maria Deraimes ne fut plus considérée comme une de ses membres.

Parmi les autres figures évoquées, on trouve Hubertine Auclert, née en 1848 à Saint-Priest-en-Murat (une commune, près de Montluçon, qui compte près de 1 000 habitants alors),  cette dernière en 1877 appelle au soutien de l’expulsion de France des jésuites. Refusée comme religieuse successivement à 18 puis 21 ans dans deux couvents différents, elle découvre Léon Richer dans un des déplacements de ce dernier dans l’Allier et monte faire sa vie à Paris.  Caroline Kauffman  et Madeleine Pelletier sont également présentées. Née en 1840 dans une famille juive de Sarreguemines en Alsace-Lorraine (de 1871 à 1918), Caroline Kauffman a déclaré que « La femme doit voter, elle subit les lois et paie des impôts, nous voulons le suffrage universel et non unisexe ». Caroline Kauffman alla solliciter Madeleine Pelletier en 1904 pour prendre la présidence de l’association "Solidarité des femmes" (fondée en 1891). Socialiste et franc-maçonne à la Belle Époque, elle est la première Française à être devenue psychiatre en 1905. Originaire du Lot, Arria Ly (pseudonyme de Joséphine Gondon), crée la revue "Combat féministe" à Toulouse; elle  prône le droit à l'autodéfense pour les femmes face aux agressions masculines.   

Si l’auteure cite ces quelques rares figures, elle ne s’est pas attardée au milieu des institutrices laïques qui réclament un salaire égal (obtenue avec l’appui non négligeable de députés catholiques dont Louis Marin et l’opposition de certains radicaux) à celui de leurs collègues et la mixité des classes. Une Marguerite Bodin (dans l’Yonne puis en Seine-et-Oise), une Hélène Brion (à Pantin), une  Marie Guérin à côté de Nancy, une Julia Bertrand (dans les Vosges puis à Paris) jouèrent un rôle de fer de lance de l’anticléricalisme dans leur milieu.

Toutefois  Véronique Riou ne s’est pas donnée comme objectif de faire le tour des figures marquantes de l’anticléricaliste féministe mais plutôt de réfléchir sur les valeurs que ces femmes défendent en commun et par quels combats concrets cela s’est traduit.  

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

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