Avis de Ernest : "Qui a eu cette idée délétère un jour d'inventer le cours élémentaire? C’est ce sacré Octave Gréard, sacré Octave Gréard"
On savait déjà que derrière l’œuvre de Jules Ferry se cachait l’action du Bourguignon Paul Bert (qui fut ministre de l’Instruction publique entre deux responsabilités de Jules Ferry), ne voilà-t-il pas qu’on nous apprend que le contenu des réalisations du Vosgien se cache celle d’un Normand Octave Gréard. Et en plus on vient nous confirmer que Victor Duruy (ministre de 1863 à 1869 sous le Second Empire) avait déjà avancé sérieusement sur l’idée d’obligation et de gratuité ainsi que de fonctionnarisation des instituteurs, même si devant les récriminations de la presse face au rapport Duruy Napoléon recule en mars 1865 sur bien des recommandations contenues dans le document.
L’ouvrage de Stéphane Dauphin nous dresse le portrait d’Octave Gréard et évoque les diverses fonctions qu’il exerça. En s’appuyant sur l’expérience du Loiret, où la nouvelle organisation est recommandée depuis 1854, Octave Gréard alors entend bien liquider totalement l’enseignement mutuel à la rentrée 1868 dans le département de la Seine pour la méthode simultanée fonctionnant avec des programmes spécifiques pour le cours élémentaire, le cours moyen et le cours supérieur. Le préfet Hausmann (jusqu’en 1944, les préfets interviennent de façon très conséquente dans l’organisation de l’enseignement primaire) appuie celui qui est le directeur de l’enseignement primaire de la Seine depuis 1866 (même s’il ne reçoit le titre officiel qu’en 1870).
Monument à la mémoire d’Octave Gréard à Paris Ve. Cette photographie n'est pas dans l'ouvrage.
En 1872 Octave Gréard cumule ces dernières fonctions avec celle de directeur de l’enseignement primaire au ministère de l‘Instruction publique. Toutefois, à la chute de Thiers en mai 1873, le gouvernement conservateur (Mac-Mahon devient président de la République et le duc de Broglie est le nouveau président du conseil) écarte nombre de préfets. L’auteure ne le précise pas mais des inspecteurs primaires et des instituteurs sont déplacés aussi parce que d’opinion républicaine mais par contre elle explique qu'à cette occasion Octave Gréard est renvoyé du ministère durant les vacances estivales de cette même année.
De 1874 à 1878 il constitue d’œuvrer pour le département de la Seine et il encourage, en s’appuyant sur les autorités préfectorales, les communes de la Seine à souscrire des emprunts. Ainsi pour les communes de banlieue voit-on qu’en 1875 à Pantin on construit une école au centre et une dans le quartier nord-ouest des Quatre-Chemins et qu’à Noisy-le-Sec une école supplémentaire uniquement de garçons a été construite et l’école mixte devenue de filles a été agrandie (page 203). L’auteure reprend dans de très lisibles tableaux le contenu de l’étude signée par Octave Gréard qui fait le point sur la question du développement de l’enseignement primaire dans la Seine en 1875.
Son action ne concerne pas que l’enseignement primaire et on peut pointer en particulier son rôle dans le développement des lycées de jeunes filles et dans la réforme du baccalauréat. Il est en effet depuis 1879 à la tête du rectorat de Paris, une nomination qu’il doit à Jules Ferry. L’ouvrage ne présente pas d’illustrations mais sur couverture est reproduit un tableau d’Alfred Philippe Roll où on voit Octave Gréard qui présente au président Sadi Carnot les plans de la nouvelle Sorbonne.
Pour connaisseurs Aucune illustration