Avis de Octave : "René Bazin écrivain phare du catholicisme français dans des périodes troublées"
Cet ouvrage, sorti en 1915 ; a été préfacé en 1941 par Mgr Francis Vincent qui a été professeur de littérature française puis recteur aux Facultés catholiques de l'Ouest à Angers. Il met en évidence fort à propos que René Bazin met, dans les treize récits de la période de la Première Guerre mondiale, sa plume au service de la patrie. Les trente-et-un écrits de la partie "Temps de paix" ont été rédigés durant les premières années du XXe siècle.
On a, dans cette première division, des textes divers, avec parfois des reprises de quelques pages de roman, qui, selon les sensibilités propres, donneront envie d’ouvrir quelques-uns de ces ouvrages. On trouve en l’occurrence "Le petit de l’empereur" pour Le Guide de l’empereur, "Visite au couvent de Loyola" pour Terre d’Espagne, "La communauté en paix" et "Les sœurs quittent le costume religieux" pour L’Isolée, "La conversion de Gilbert Clocodet" pour Le blé qui lève, "Le lit de la mère Moineau" pour Mémoires d’une vieille fille, "Opinion d’un Anglais sur l’Angleterre" et "Le procès des parents" pour La barrière, "L’inquiétude religieuse d’une laïque" pour Davidée Birot, une laïque, "Mères chrétiennes du peuple de France" pour Gingolph l’abandonné, "Le curé de Marans" pour Ma tante Giron.
L’auteur évoque d’ailleurs, à plusieurs occasions, Marans une commune proche de Segré dans le Maine-et-Loire ; c’est là qu’est situé le manoir du Paty où l’auteur résida et où son petit-neveu René Bazin vécut une enfance qu’il transposa dans Vipère au poing.
Aussi bien dans les extraits d’œuvres de fiction que dans les conférences, on trouve une réflexion sur le devenir du catholicisme dans une France laïque où s’exprime parfois un anticléricalisme virulent et selon l’auteur des discriminations envers ceux qui se disent catholiques. Les interventions auprès d’étudiants angevins, parisiens ou liégeois rapportées sont nombreuses.
Alors que les catholiques ralliés se font de plus en plus nombreux et en particulier autour de Jacques Piou (né à Angers en 1838, mais élu député dans le sud-ouest) et le seront encore plus après la fin de la Première Guerre mondiale, pour René Bazin le catholicisme est lié à l’idée monarchique, même si cela n'apparaît quasiment pas dans cet ouvrage-là. On relève son Hommage à un député alsacien, celui s’adresse en 1912 à l’abbé Wetterlé député autonomiste alsacien au Reischtag.
Cette reproduction n'est pas dans l'ouvrage
Dans la deuxième partie, qui évoque la Première guerre mondiale, l’auteur révèle l’aide que la prière apporte tant aux combattants qu’à leur famille. Il revient dans un premier texte sur l’idée que : « Ce ne sont point les traditions chrétiennes qui inspirent l’Allemagne en guerre : c’est l’enseignement orgueilleux et débridé des universités philosophantes et des écoles subordonnées » (page 200). Dans un second écrit, il rappelle que la destruction de la cathédrale de Reims a été célébrée par un poète allemand (pour lequel d’ailleurs le catholicisme relève de l’idolâtrie) et il disserte autour de la citation qu’il fait d’une phrase d’Albert Richard (il s’agit vraisemblablement d’un avocat et professeur à la Faculté de droit de Genève) :
« On sait parfaitement, chez les neutres […], que c’est la science allemande qui détruit, dans beaucoup d’esprits cultivés, non seulement la croyance en Dieu, mais toute sentimentalité, toute idéalité ». (page 257)
Il parle de Saint Thomas (page 208) dans un autre article pour assimiler l’esprit de la menée de la guerre que fait la France à la philosophie des écrits en question de ce penseur médiéval. Il admire d’autre part "la claire vue" de celui qui lui écrit que :
« Pour notre pays, je vois moins cette guerre comme une guerre que comme une croisade que nous ferions pour réinstaurer Dieu à sa place, en France, et j’ai ferme espoir que plus elle sera longue, pénible, plus elle sera bienfaisante en ce sens ». (page 220)
Son discours sur le caractère abstrait de l’enseignement primaire et l’idée de développer l’enseignement agricole (pages 230-231) se retrouveront dans les écrits d’Abel Bonnard dans l’Entre-deux-guerres et certaines des actions de ce dernier lorsqu’il sera ministre de l’Éducation nationale de février 1942 à août 1944, développant en particulier les cours complémentaires pour éviter que nombre de jeunes rejoignent le lycée de la préfecture ou le collège de la sous-préfecture (voir http://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1996_num_43_3_1829).
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