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Francis de Pressensé et la défense des Droits de l’Homme

Francis de Pressensé et la défense des Droits de l’Homme
Presses universitaires de Rennes418 pages
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Avis de Benjamin : "Francis de Pressensé à l’avant-garde pour l’élaboration de la loi de Séparation"

Le récit de l’enterrement de Francis de Pressensé fin janvier 1914 aurait pu trouver sa place dans l’ouvrage Pompes funèbres: Les morts illustres 1871-1914.  En effet les obsèques de Pressensé ont été l'occasion d'une grande manifestation  laïque, humaniste, syndicaliste, socialiste, et internationaliste.

Émile Combes était d’ailleurs présent et si Briand était absent, c’est par crainte d’être conspué en raison du petit tour à droite qu’il effectuait alors, comme le disait Joseph Paul-Boncour lors d’une interview oral dans les années 1950. Een fait Briand, partisan de la loi des trois ans de service militaire  bascule de ce fait au centre droit. La partie du quatrième chapitre est la plus intéressante de ce titre, on y évoque le rôle bien oublié de Francis de Pressensé.

En effet en 1902, ce dernier est élu député de la 10e circonscription du Rhône, comprenant en particulier Villeurbanne (à côté du canton alors rural de Neuville-sur-Saône). Pour Rémi Fabre, Francis de Pressensé, et, à travers lui, la Ligue des Droits de l'Homme, ont joué un rôle non moins important que la Libre Pensée dans le vote de la loi de Séparation de l’Église et de l’État.

La grande conférence que Pressensé avait prononcée le 24 janvier 1901 devant les sections de la LDH du 5e arrondissement de Paris, est la première étape forte de son combat pour la Séparation.  Pressensé procède ici à la dénonciation du péril congréganiste. Il puise l’idée de ses attaques tant dans ses racines protestantes que dans  sa culture littéraire et historique. Il apporte à cette occasion son soutien aux actions de Waldeck-Rousseau.

La Chambre décide le 20 octobre 1902, de créer une commission de trente-trois membres chargée d'examiner tous les projets relatifs à un nouveau régime des cultes. Ceci se fait à l’initiative d'Eugène Réveillaud, député de Saint-Jean-d'Angély en Charente-Inférieure, un radical, franc-maçon,  protestant et fils d’instituteur. Toutefois aucun membre n’est nommé.

Le projet de loi du 7 avril 1903,  que Pressesé  avance (alors qu’il est parlementaire depuis un peu moins  d’un an) est reconnu comme la base de la loi de Séparation de 1905.  Le Président du Conseil d’alors, à savoir Émile Combes avait déclaré près de trois mois auparavant qu’on ne pouvait pas mettre fin au Concordat si on ne savait pas par quoi précisément le remplacer. Ce projet était cosigné par cinquante-six autres députés, la plupart des socialistes du PSF de  Jaurès et Briand (rival du Parti socialiste de France de Jules Guesde) ainsi qu'un nombre appréciable de radicaux ou radicaux-socialistes ligueurs comme Ferdinand Buisson (directeur de l'enseignement primaire en France de 1879 à 1896), Guieysse ou Lafferre (alors président du Grand Orient).

Le dépôt du projet de Pressensé, et sa vigoureuse intervention le 8 juin 1903 remet d’actualité l'élection de la commission parlementaire que le député de la Charente-Inférieure avait réclamée, cette dernière  a  lieu le 11 juin 1903. Pressensé n'en fait pas partie, tout comme Gustave-Adolphe Hubbard. En  fait certains députés radicaux ont pratiqué la chaise vide afin de ne pas voir ces deux députés chauds partisans de la laïcité être élus, laissant ainsi la possibilité à nombre d’opposants d’être élus. Partisans officiellement de la Séparation à Paris, ils craignaient que le vote de celle-ci n’hérisse certains de leurs électeurs. De ce fait la présidence de cette commission parlementaire revient à Aristide Briand, alors que l’on s’attendait qu’elle soit dirigée par Pressensé.

Rémi Fabre compare assez méticuleusement le texte du projet du député de Villeurbanne avec celui de la loi Briand. « (Les) différences dans la rédaction sont notables, mais elles ne doivent pas occulter un fait essentiel : le plan et l'orientation globale du texte de Pressensé sont repris dans les avant-projets de la Commission et fournissent l'armature de la loi de décembre 1905 » (page 218).

Au regard de la richesse de cette juste vingtaine de pages de l’ouvrage, on mesurera l’intérêt de cet ouvrage. D’autres parties permettront d’approcher notamment les débuts de l’organisation des socialistes en deux puis un parti (la SFIO en l’occurrence) sachant que  Pressensé avait donné le 1er mai 1899 son adhésion publique au socialisme, les répercussions de l’Affaire Dreyfus, les seconds pas  de la Ligue des droits de l’homme (fondée en 1898, elle est présidée par notre député du Rhône de 1903 à 1914), le courant pacifiste à la Belle Époque, la presse durant la première partie de la IIIe République.

Pour connaisseurs Quelques illustrations

Benjamin

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