Avis de Octave : "Prévoir des régents pour la Régence"
De Palerme à Tunis par Malte, Tripoli et la côte : notes et Impressions par Paul Melon est un ouvrage qui est édité par Pion en 1885. L’auteur est né en 1844 à Montpellier et la date de sa mort est 1915. Rachel Og Monteil nous donne d’utiles informations sur cet homme fils de négociant qui fit ses études secondaires à Tulle, puis fréquenta successivement l’École pratique des Hautes Études, l’École des Langues orientales et l’École des Beaux-Arts. Banquier, avocat, trésorier de l ’Association nationale républicaine, il ne fut jamais député contrairement à ce que laisse croire une mauvaise lecture par Rachel Og Monteil du Journal des débats politiques et littéraires du 30 juin 1899. Pour le Ministère des Affaires étrangères et l’Alliance française, il mène diverses missions en Afrique du nord, dans les Balkans et au Danemark.
Paul Melon voyage alors que la Tunisie vient de tomber, avec l’accord des Anglais mais les protestations de l’Italie, dans l’escarcelle française. Si on dispose, grâce à l’auteur, de multiples informations relevant tant d’une sobre dimension historique que de la géographie physique et humaine sur la Tunisie des débuts du protectorat c’est au milieu d’un discours qui se félicite de la colonisation du pays et qui lui prédit une belle prospérité de ce fait. Idée que l’on retrouve ici :
« J'ai voulu simplement, tout en donnant quelques indications historiques et quelques renseignements statistiques, traduire les sentiments et les pensées qu'éveille dans l'esprit du touriste, au point de vue pittoresque et politique, cette belle terre d'Afrique, si pleine de souvenirs du passé, si importante par le rôle qu'elle paraît destinée à jouer dans notre développement national. »
Un peu plus de la moitié de l’ouvrage est consacrée à ce dernier pays, des pages très intéressantes concernent l’espace de ce qui constitue la Lybie d’aujourd’hui ; l’auteur y note le rôle fédérateur des confréries religieuses et en particulier le Senoussisme qui causera bien des soucis aux Italiens quand ils occuperont le pays peu avant le début de la Grande Guerre et même dans le Sahara aux Français entre 1914 et 1918. Il prédit fort justement que Malte donnera à l’empire colonial français et plus particulièrement à la Tunisie prêtres, commerçants et main d’œuvre. Les Siciliens sont présentés hostiles aux Français, ceci dans un contexte où il y a eu des émeutes en France métropolitaine contre les immigrés italiens et alors que l’Italie vient de signer avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie l’alliance dite de la Triplice.
On apprécie les illustrations de l’auteur pleine page, les index des noms de lieux, des noms propres et de divers points culturels. Pour expliquer le titre de notre présentation, rappelons que jusqu’à la fin du XIXe siècle en France et en Suisse romande, un régent désigne un maître d’école, que le protectorat de Tunisie s’appelle la Régence et que notre auteur a facilité durant une grande partie de sa vie l’implantation d’écoles françaises à l’étranger et dans les colonies.
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