Avis de Benjamin : "Léopold II écrit pour la gouverne de son hoir"
Paul Gérardy imagine, dans un livre qui paraît en 1903, que le roi des Belges régnant alors donne des conseils à son neveu le futur Albert Ier qui sera roi de 1909 à 1934. Il s’agit là d’un livre qui fit scandale car on y dépeignait Léopold II comme un personnage cynique et paillard (il fut beaucoup dans le surnom de dynastie des Sexe-Cobourg pour désigner la maison royale de Belgique) qui est un porte-parole d’une société colonialiste et affairiste aux goûts culturels parfois étriqués.« Mais j’ai bien fait mieux encore, et comme je savais que le vice, pourvu qu’il soit égrillard, attire davantage l’attention des peuples qu’une besogne vertueuse et honnête, j’ai pris les apparences du vice et de la dissipation et j’ai fait parler la chronique scandaleuse, afin que les échos politiques demeurent muets ». (page 122)
L’auteur est né dans la petite partie des anciens Pays-Bas espagnols puis autrichiens qui après 1814 est annexée par la Prusse et partiellement donnée à la Belgique en 1919. Dans son village, alors à la confluence des frontières belge, luxembourgeoise et allemande, il entendait l’allemand et ce n’est qu’une fois devenu orphelin (vers douze ans) qu’il a vécu chez son oncle à Liège. Il n’est pas seulement un pamphlétaire mais aussi un critique littéraire et un poète symbolique.
Il nous offre ici une approche décalée, donc originale, de la Belgique à la Belle Époque. On note également quelques piques en direction d’une Allemagne prussienne et militariste, et rappelle à quel point Paul Gérardy admirait la culture allemande.
On relèvera en particulier, sachant combien furent dénoncer les exactions commises au Congo belge ceci :
« J’ai certainement eu soin de faire publier que je n’étais soucieux que de civiliser les nègres et comme cette sottise était affirmée avec sincérité par quelques convaincus, on y a cru rapidement et cela m’évita quelques ennuis » (page 121)
Pour connaisseurs Peu d'illustrations