Les naufragés du métropolitain, 1 Les rats de Saint-Éloi

L’album "Les naufragés du métropolitain", comme "À la dérive" de Xavier Coste choisit de nous replonger (sic) dans le Paris de janvier 1910 au moment où la capitale connaît les très importantes crues de la Seine. Autre point commun entre les deux albums, la présence d’apaches (nom donné alors aux voyous). Il est à noter que, comme parfois jusqu’à présent plutôt chez d’autres éditeurs, la quatrième de couverture a été confiée à quelqu’un d’assez ignorant. Ce dernier parle donc d’anarchistes détrousseurs de bourgeois, ce qui n’est absolument pas le cas.  

Ici l’objectif n’est pas une banque mais un joailler de la place Vendôme. Le scénariste a été directeur de l’École de joaillerie de Paris pendant un quart de siècle, il connaît donc bien ce milieu. La mentalité de ces apaches est plutôt bien approchée (y compris dans la violence quotidienne et le passage chez "les joyeux"), et c’est plutôt les méthodes des brigades du Tigre (police mobile crée par Clemenceau) qui étonnent un peu, mais cela dans le cadre d’une marge d’imaginaire que peut s’autoriser la fiction. L’importance de l’immigration auvergnate est également saisie au vol.

Le métro parisien ne compte que trois lignes dont une ligne est-ouest, mais on finit de construire une quatrième ligne nord-sud dont l’inauguration aura lieu qu’en novembre 1910, du fait des problèmes qu’a causés la crue du fleuve dans un tracé qui passe sous la Seine. Une part non négligeable de l’action de ce premier tome se déroule d’ailleurs sous-terre et la rencontre soit d’ouvriers soit de malfrats (qui s’y réfugient ponctuellement) peut être assez fréquente. Les personnages principaux sont deux employés d’une joaillerie, un jeune homme et une jeune fille ; l’un d’entre les deux est amené à se faire complice des apaches.