Avis de Octave : "Vous reprendrez bien un peu de Guerre de 1870, en entrée de la Guerre franco-allemande de cent ans"
L’Histoire de la guerre franco-allemande 1870-1871 du lieutenant-colonel Rousset connut un grand succès éditorial à la fin du XIXe siècle et reçut un prix de l'Académie française en 1896. On trouvera d’intéressantes cartes de cet auteur là https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6465836r
Nicolas Bourguignat et Gilles Vogt ne nous en offre qu’une demi-douzaine et, du fait du format poche de l’ouvrage, elles se retrouvent de petite taille. Notons que ce titre est inédit, ce qui n’est généralement pas le cas dans cette collection bon marché.
La thèse de Gilles Vogt, soutenue en 2018 à Strasbourg, portait sur les pays neutres face au conflit de 1870 et on est heureux d’en apprendre plus sur ce sujet peu connu. On y découvre en particulier une Suisse demandant à l’Allemagne de l’intégrer dans les négociations de paix pour mettre la main sur la zone de neutralité savoyarde, soit quasiment toute la Haute-Savoie et le Pays de Gex. Les actions brouillonnes du Second Empire à l’extérieur (dont un soutien aux sudistes dans la Guerre de Sécession plus une intervention au Mexique et la demande de "pourboires" après coup pour ne pas avoir soutenu l’Autriche dans son conflit avec la Prusse) ont réussi à aliéner toute sympathie d’autres pays envers la France.
La gouvernance à l’aveugle de Napoléon III est bien rendue et comme l’écrivent les auteurs son état maladif n’excuse pas tout ce côté aventuriste qui s'empare, derrière lui, de nombres de dirigeants civils et militaires au côté de l’Empereur. Si le rôle de l’Impératrice ne pourra jamais être vraiment évalué, il est certain qu’il se traduisit par le renforcement d’un aveuglement collectif. Sans trop s’attarder sur les actions ambigües et catastrophiquement calculatrices de Bazaine, la fin du siège de Metz apparaît, avec ses conséquences, comme désastreuse pour l’ensemble des armées françaises.
Le grand intérêt de l’ouvrage est qu’au-delà des origines, du déroulement du conflit, des conséquences directes de l’occupation d’une partie du pays et des négociations de paix, il expose longuement aussi les dimensions idéologiques du conflit qui pèsent sur les dirigeants et les opinions publiques des deux pays, le retentissement du conflit dans le domaine humanitaire, la modification de l’ordre européen qui découle de la guerre et la mémoire du conflit (en n’oubliant pas d’oublier page 384 son plus beau fleuron, à savoir le Lion de Belfort).
On peut regretter qu'au moins un des faits cités, page 158 avec Juliette Dodu à Pithiviers, n’ait pas été passés au crible de la critique. En effet si le récit de ce prétendu exploit montre que les colonies prennent bien leur part mémorielle de gloire dans ce conflit (Juliette Dodu était d’origine réunionnaise), le présenter de façon non conditionnelle est étonnant car il a plutôt sa place dans la mémoire du conflit et particulièrement dans la légende.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations