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Pompes funèbres: Les morts illustres 1871-1914

Pompes funèbres: Les morts illustres 1871-1914
Perrin 352 pages
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Avis de Ernest : "Plus grand mort que vivant ?"

On savait, grâce aux recherches d’Emmanuel Furex avec La France des larmes. Deuils politiques à l’âge romantique (1814-1840), que les enterrements en France avaient été prétexte à une manifestation politique,  lors des enterrements  de leaders libéraux puis républicains de l’époque de la Restauration et de la monarchie de Juillet. Ces funérailles des martyrs de la liberté sont d’ailleurs très majoritairement civiles au fil du temps.

 

Durant la première partie de la IIIe République, les manifestations protestataires (où on demande parfois l’amnistie des communards) lors des débuts du régime et particulièrement au moment de l’Ordre moral réapparaissent. On pense aux funérailles de Ledru-Rollin, de Quinet, de l’épouse de Louis Blanc, de Michelet ou de Raspail.

On évoque ici Louis Rossel, Michelet, George Sand, Thiers, Gambetta, Vallès, Hugo, Renan, Ferry, Pasteur, Felix Faure, Zola, Louise Michel, Rochefort, Hubertine Auclert, Jaurès et Péguy…   Écrivains (tel Hugo ou Zola) côtoient une romancière comme George Sand ou une poétesse avec Louise Colet, une mécène la princesse Mathilde, des savants (Ernest Renan et Louis Pasteur) des hommes politiques (comme Jaurès et deux présidents de la République morts en fonction Felix Faure et Sadi Carnot) et femmes politiques (avec Louise Michel ainsi que Hubertine Auclert).

Une illustration, en rapport avec les funérailles, accompagne une large biographie de chaque personne dont on évoque les suites du décès. L’enterrement où le peuple fut massivement présent est sans conteste celui de Victor Hugo « Romain Rolland parlera d’un peuple entier  en ribote. Une kermesse de Jordaens ».

Le premier Louis Rossel est le seul officier supérieur de l'armée française à combattre du côté de la Commune et le dernier est l’écrivain Charles Péguy au parcours idéologique fait d’un large soubresaut.  Dans les personnalités au parcours politique chaotique, la palme revient d’abord à Adolphe Thiers « sommité paradoxale de la République après avoir été le fondateur de la monarchie de Juillet et le fossoyeur de la Commune ». D’ailleurs George Sand « s’est ralliée à Thiers par raison. Non pas au chef de l’exécutif qui a écrasé les communards, mais à l’homme d’État qui, en dépit de la majorité monarchiste qui a conquis l’Assemblée nationale, prépare l’instauration d’une république bourgeoise, d’une république modérée ». 

Sa mort se produit alors que s’opposent la camp de l’Ordre moral et les partisans de la République. « Un choc : au cours de cette campagne qui passionne la France, Thiers est foudroyé par un malaise cardiaque à Saint-Germain-en-Laye, où il allumait ses derniers feux de campagne. Son corps est transporté dans son hôtel de la place Saint-Georges qui a été reconstruit.

Le gouvernement s’avise d’organiser les funérailles aux frais de l’État. Mme Thiers y met une condition : que le cortège soit suivi par les 363 députés qui ont refusé l’investiture à Broglie – ce que Mac-Mahon ne peut admettre. Du même coup, ses obsèques deviennent une manifestation républicaine, au cœur même du combat politique ».

L’ancien communard, devenu militant nationaliste (en soutenant le général Boulanger) et antisémite (lors de l'Affaire Dreyfus), Henri Rochefort eut également un parcours tortueux. Près de dix ans avant son propre décès, « comparant Zola à un Voltaire de bas étage, il  ajoutait : "La malchance voulut que son Calas fût une immonde crapule suant le crime par tous les pores, si bien qu’un certain stock des ignominies du scélérat est retombé sur son principal défenseur"».

Rochefort assiste en 1905 aux obsèques de Louise Michel car son nom y est hué.  Lui-même décède huit ans plus tard «  de ses funérailles discordantes, Maurice Barrès relate un incident presque comique, à la mesure de cet histrion pathétique, auteur de vaudevilles qui en était devenu un personnage : " La jeunesse blanquiste voulait à tout prix apporter une couronne rouge, dérangeant tout le monde. Enfin, les porteurs s’approchèrent si bien que l’un d’eux tomba dans le caveau ; il fallut aller chercher des treuils pour le remonter, on appela un médecin, on l’emporta, etc. "  Le gag a présidé jusqu’à la mise au tombeau de ce parangon de clown politique sans foi ni loi, qui fera bien des émules ».

idé cadeau

Pour tous publics Quelques illustrations

Ernest

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