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Le sartre

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Avis de Xirong : "Pas seulement des maçons creusois, mais aussi des tailleurs auvergnats"

Dans l’univers occitan, le sartre désigne le tailleur. Cette BD nous conte trois moments de la vie du héros : son enfance dans le Puy-de-Dôme, son séjour à Paris (pour apprendre son métier chez Thorw) et son retour en Auvergne (où il l’exerce vingt ans avant de mourir). Du fait de son voyage des environs de Clermont-Ferrand en voiture à chevaux puis en bateau, nous avons l’occasion de découvrir le visage de Moulins (et en particulier de son port fluvial), Nevers,  des sept écluses de Rogny (en 1880 leur nombre passe à six avec l’installation d’un nouveau dispositif) sur le canal de Briare et pour Paris en particulier le port de Bercy et le quai de la Rapée (où la batellerie règne encore en maîtresse). 

Le tailleur est assassiné en 1886 non loin de Bourg-Lastic, alors qu’il revenait du logis d’une famille aisée où il avait séjourné plusieurs jours pour réaliser un habit assez complexe. Son meurtrier est identifié par hasard en vendant à un jeune Parisien de passage un bijou qui avait été offert par la mère de ce dernier au couturier.

La documentation sur la batellerie, la mode vestimentaire et l’univers culturel des ces années est très documenté. Les auteurs sont allés se renseigner à l’atelier parisien Guilson sur le métier de tailleur afin de pouvoir recréer l'univers professionnel du héros. Des petits clins d’œil cultures sont très plaisants, ainsi l’ouvrage signale que l’année 1867 voit la réalisation par Courbet de "La naissance du monde", la publication du premier tome du "Capital" de Marx et l’attribution à l’exposition universelle de Paris en 1867 d’un prix à un canon Krupp pouvant tirer un obus de 150 kg comme les Français allaient pouvoir l’apprécier trois ans plus tard. Plus d’une page est consacrée à un chef de guerre médiéval (à la tête ici d’une bande de routiers) qui est resté dans les mémoires auvergnates tant pour avoir facilité le rattachement de terres auvergnates au domaine royal que pour ses pillages féroces de la province. Il s’agit du Gallois Lambert Cadoc, devenu seigneur normand après qu’il ait quitté le camp de Richard cœur de Lion pour celui de Philippe-Auguste. Ponctuellement des mots de dialecte auvergnat se situent au milieu de dialogues d’un volume assez conséquent ; les illustrations de Gérard Ponsing sont réalisées en colorisation directe aquarelle.

Voilà un des meilleurs albums de BD à traiter de la seconde partie du XIXe siècle qui est un moment de changements radicaux dans les univers culturel, économique, politique et social. Le graphisme est très réaliste et les décors très fouillés ; le choix d’une couleur jaunâtre pour les visages n’est pas des plus heureux.

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Xirong

Note globale :

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