Avis de Benjamin : "une libre pensée adogmatique"
Ferdinand Buisson a été directeur de l'enseignement primaire en France de 1879 à 1896. La commission chargée de préparer la loi de Séparation des Églises et de l'État est composée de trente-trois membres, elle est présidée par Fenand Buisson et a pour rapporteur Aristide Briand.
La morale à l'école selon Ferdinand Buisson de Laurence Lœffel propose de rappeler les enjeux des cours de morale à la Belle Époque. Dans quatre-vingt-dix pages, elle propose quatre points de réflexion autour du génie de la laïcité, l’idée d’école émancipatrice (ce vocabulaire appartient aux instituteurs socialistes ou libertaires de la IIIe république et pas au "Nouveau Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire", il est donc maladroit de l’utiliser), la morale, l’école unique.
Les deux autres tiers de l’ouvrage sont consacrés à une présentation commentée de textes où le contenu que doivent prendre les leçons de morale et en particulier la question de faire évoquer Dieu par les instituteurs se pose. On retiendra en priorité cela: « Il y a deux conditions que notre morale doit remplir et qui , en la rapprochant de la morale chrétienne , la distingueront des morales antérieures . La première , c’est de poser un idéal très haut , si haut qu’il semble non pas contraire , mais supérieur à notre nature , si par nature on entend le niveau moyen que chacun atteint sans effort . La seconde , c’est de créer une force intérieure d’entraînement qui nous rende capables de tout sacrifier à la poursuite de cet idéal . Si la morale laïque crée cet idéal et crée cette force , nous pouvons dire qu’elle n’a rien à envier à n’importe quelle morale religieuse , car elle est elle - même ou la plus religieuse des morales , ou la plus morale des religions . Appelons - la de son vrai nom : c’est la religion du Bien ».
La question de prendre appui sur les idées de F. Buisson pour de nouvelles instructions en matière de la morale à l’école primaire est d’actualité. En août 2011, Luc Chatel publie une circulaire relative à l'instruction morale à l'école et rappelle que les programmes de 2008 : « Il s'agit de transmettre les principes essentiels de la morale universelle, fondée sur les idées d'humanité et de raison, dont le respect peut être exigé de chacun et bénéficier à tous » et que « les devoirs moraux (sont) indispensables à toute vie sociale ».
Au moment de la sortie de cet ouvrage Luc Chatel, dont l’honnêteté intellectuelle est bien maquillée (c’est un ancien de l’Oréal) dresse un parallèle entre les propos tenus par le ministre de l'Education nationale d'alors et le discours de l'armistice du maréchal Pétain lorsque Vincent Peillon parle d’enseignement de la morale laïque afin de préparer à un redressement matériel mais aussi intellectuel et moral de la France. Il est évident que l’esprit de F. Buisson est à l’exact opposé des idées de la Révolution nationale où l’on vit en particulier un temps les cours de religion présents dans les programmes.
Pour connaisseurs Aucune illustration