Avis de Adam Craponne : "Et ça fera de l'animation !"
Jules de la Madelène a été un quarante-huitard et un farouche opposant au régime du Second Empire. Ce récit est une sorte d’histoire à la Clochemerle dont l’enjeu ne serait pas une pissotière mais une production culturelle.
À la fin de la Monarchie de juillet, un paysan provençal désire monter dans un village du Vaucluse une pièce de Voltaire qui en trois actes raconte la mort de César. Découragé par l’instituteur qui voit là une initiative qui aurait dû lui revenir, il obtient que le curé ne condamne pas ce spectacle.
« Espérit s'attendait à une résistance plus vive de la part du curé. Ce succès inespéré lui donna beaucoup d'assurance, et le lendemain dimanche il s'en alla résolument dans les cabarets de Lamanosc pour lever une bande de tragédiens. Depuis longtemps, il avait fait son choix ; les rôles étaient distribués d'après le caractère, les habitudes, les passions des acteurs qu'il avait en vue. Une seule chose l'inquiétait : comment satisfaire à toutes les ambitions que cette tragédie allait susciter ? De quelle façon ménager ou repousser les candidatures rivales qui allaient se produire? ».
Cependant la représentation tourne à l’émeute. Cet incident contribuera-t-il à exacerber les tensions au village ou au contraire à réunir des familles qui connaissent des divisions politiques nées des conséquences du rattachement du Comtat Venaissin à la République française en 1792. Une belle écriture qui porte merveilleusement le dynamisme des mouvements des foules pour ce roman paru chez Marivole.
Selon Jules Barbey d'Aurilly:
« Le livre du "Marquis des Saffras" a donc sur "Les Paysans" de Balzac, auxquels nous ne nous permettrons pas de le comparer pour la manière, qui est essentiellement différente, la supériorité d’une peinture sans exagération et sans outrance, prise dans la mesure juste de son cadre et dans la réalité ».
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