Avis de Adam Craponne : "Barodet au baroud pour une République laïque"
Désiré Barodet est né le 27 juillet 1823 à Sermesse en Saône-et-Loire et mort le 18 avril 1906 à Vincelles dans le Jura. Fils d’instituteur, Barodet fait son entrée en octobre 1837 au petit séminaire d’Autun. Notons qu’à cette époque la moitié seulement des élèves du petit séminaire rentrent au grand séminaire. Alors que l’enseignement primaire supérieur est inexistant (je fais allusion aux écoles primaires supérieures préparant au brevet élémentaire) et le coût des études en collège royal (nom des lycées sous la Restauration) ou collège municipal (préparant également au baccalauréat) est très onéreux, le passage au petit séminaire permet, à un moindre coût, de donner une culture aux jeunes. Aussi n’est-il pas rare, surtout jusqu’en 1880 où les instituteurs sont sous la coupe des curés, d’avoir des normaliens venus du petit séminaire. On trouve encore quelques cas de normaliens dans ce cas jusque vers 1900, d'après ce que nous disent les questionnaires de réponses à l'enquête Ozouf.
Sa rentrée à l’École normale date d’octobre 1840 ; il est instituteur à Bantanges lorsqu’en 1848 éclate la Révolution à laquelle il est favorable. Quelques années auparavant, il a construit un matériel pédagogique pour faciliter la lecture. Malheureusement l’ouvrage ne propose aucune illustration et on aurait aimé avoir une idée de ce qui nous est décrit.
Le préfet Le Roy le révoque le 10 juin 1849. Désiré Barodet ouvre une école libre à Cuisery et il reste là jusqu’au Coup d’Etat du 2 décembre 1851. Il occupe divers emplois de comptable dans des maisons de commerce et d’industrie, une compagnie d’assurances. Sous le Second Empire, il maintient ses activités militantes républicaines devenues clandestines et il entre dans la franc-maçonnerie à un moment qui ne nous est pas indiqué.
Barodet à Lyon proclame la déchéance de l’Empire au sein du Comité de Salut Public à l’Hôtel-de-Ville. Adjoint au maire Hénon, il devient maire de la ville des deux fleuves entre le 23 avril 1872 et le 4 avril 1873. Soutien de Gambetta, il se présente dans le 4e arrondissement de Paris contre Rémusat le ministre des Affaires Etrangères du gouvernement Thiers. Ce n'est pas un duel entre un radical et un républicain fraîchement rallié, mais une triangulaire même si le candidat royaliste fait très peu de voix.
Sa victoire est une des raisons de la démission de Thiers et de l’élection de Mac-Mahon. Durant plus d’un quart de siècle de vie parlementaire, Barodet défend un programme radical basé sur la défense de l’école laïque, l’anticléricalisme, l’abolition de la peine de mort, une suppression du Sénat (jusqu’à ce qu’il y soit élu), des réformes sociales. Il joue un rôle dans la chute du gouvernement de Jules Ferry en 1885 soulignant que la France s’est engagée à une guerre contre la Chine sans aucune déclaration. On nous le dit opposé à Boulanger et défenseur de Dreyfus mais sans précisions. Il a fait adopter par la Chambre un recueil des des professions de foi des candidats élus à la députation qui a pris le nom de "Barodet".
Pour tous publics Aucune illustration