Avis de Adam Craponne : "Pour le divorce et pour une autre république mais avec quels soutiens ?"
L’ouvrage est sous-titré Patronage, corruption et scandale en République (1870-1898), il ne s’agit donc pas d’une biographie exhaustive d’Alfred Naquet mais on est là face à nombre d’éléments de la vie de ce dernier, à quoi s'ajoute une réflexion originale à partir de son parcours parlementaire. Cet homme, médecin de profession, était issu d’une famille de juifs du Comtat Venaissin. Député ou sénateur du Vaucluse essentiellement, avec toutefois une élection législative gagnée dans la Seine en 1890, il est parlementaire radical puis boulangiste de 1871 à 1898. Son implication dans le scandale de Panama l’amène à mettre fin à sa carrière politique.
Après plusieurs tentatives, il parvient à ce que l'Assemblée nationale vote en mai 1884 la loi sur le divorce, le Sénat fera de même peu après. Revenu du nationalisme, auquel il avait adhéré par un esprit d’opposition à une certaine forme de parlementarisme (notons sa belle constante dans son refus de la constitution de la IIIe république), il s’abstiendra de défendre Dreyfus de peur que cela desserve le capitaine et adhérera à la SFIO lorsqu’elle se formera.
Christophe Portalez montre que les élections législatives dans la première partie de la IIIe république se font dans un climat de corruption, de liens avec des acteurs économiques, d’utilisation des fonctionnaires, de fraude électorale et en s’appuyant sur des élus locaux dans le cadre d’un clientélisme. Des pratiques que Naquet reprochait au régime de Napoléon III et aux tenants de l’Ordre moral sont reprises parfois par ce dernier, mais dans le plus grand regret de devoir passer par là pour être réélu.
Pour connaisseurs