Avis de Octave : "Un mouvement pacifiste n’est pas utile en Russie car le tsar et sont gouvernement sont pacifistes"
Notre titre reprend l’esprit de la réponse faite en 1898 (Nicolas II est tsar depuis quatre ans) par le Ministre russe des Affaires étrangères à Bertha von Suttner. Cette dernière a été oubliée dans les pays non-germaniques, par contre en Allemagne et Autriche de très nombreux établissements scolaires portent son nom. Dans ces deux pays, timbres, pièce de monnaie, mémorial, films, téléfilms et ouvrages d’études sont très nombreux à maintenir sa mémoire. En 2002, à Munich est parue la version originale de l’ouvrage Bertha von Suttner : Une vie pour la paix.
Prix Nobel de la paix en 1905, l'Autrichienne Bertha von Suttner avait mis en garde contre les conséquences de la Première Guerre mondiale imminente. Les causes et la quasi-inévitabilité de la Première Guerre mondiale sont rendues plus claires grâce à cette biographie. Elle mourut en juin 1914, juste avant le déclenchement de la guerre, dont elle avait prévu le caractère industriel. Outre son discours pour la paix et son désir de faire avancer les positions féministes, elle combattit l’antisémitisme et prôna la crémation.
L'historienne Brigitte Hamann révèle au lecteur toutes les faiblesses et les profondeurs de la pensée de l'activiste. Le plan de l’ouvrage est pour l'essentiel chronologique, mais vers la fin il est plutôt thématique en cherchant quels soutiens elle trouva dans ses divers engagements. L’ouvrage est parsemé de courtes citations, habilement introduites, de Bertha von Suttner issues de journaux intimes, lettres ou mémoires.
Du côté de son père, sa famille passa au protestantisme, comme nombre de nobles tchèques, et Wilhem Kinsky était à Paris, auprès de Richelieu, un quasi ambassadeur de Wallenstein, général autrichien qui mena un jeu complexe et personnel durant la Guerre de Trente ans. Une des parentes de Bertha est devenue princesse du Liechtenstein par mariage en 1967. Orpheline de père dès la fin de sa première année, elle ressent le rejet que sa mère (d’origine bourgeoise) supporte de la part de l’aristocratie. Cette dernière ayant perdu beaucoup d’argent au jeu, Bertha quitte Vienne pour une modeste demeure des environs de la capitale.
À seize ans, vingt-et-un puis vingt-trois ans, elle apprend que son pays est en guerre respectivement en Italie (conte la France et le Piémont-Sardaigne), au Schleswig (contre le Danemark) et en Bohême (contre la Prusse d’un côté et l’Italie de l’autre). C’est dans une ville d’eau de la Hesse (donc avec un casino) qu’elle rencontre en 1864 pour la première fois des Caucasiens, à savoir la princesse de Mingrélie (aujourd’hui à l’ouest de la Géorgie) et son jeune cousin. Lorsque Bertha se marie secrètement en 1876 avec Arthur Gundaccar von Suttner (de sept ans son cadet), tous deux fuient dans le Caucase où ils résident neuf ans. Bertha espéra en vain un soutien de la famille princière de Mingrélie. En Géorgie, ils donnent des leçons particulières et écrivent des livres ; à son retour en Autriche, Bertha est une écrivaine assez célèbre.
C’est parce qu’en 1886, une guerre entre l'Autriche-Hongrie et la Russie menaçait d'éclater, que les Suttner retournèrent à Vienne. Bertha a 42 ans à l'époque et elle va s’engager, dans les années qui suivent, de façon manifeste dans les combats que l’on connaît. On apprécie l’index des personnes, les seize pages d’illustrations non paginées et la bonne vingtaine de reproductions paginées. Les images sont variées ; elles montrent en particulier des caricatures issues de dessins de presse, l’évolution des limites de l’Autriche-Hongrie en 1848 et 1914.
coup de coeur !Pour tous publics Beaucoup d'illustrations
https://journals.openedition.org/siecles/2572