Avis de Grégoire : "Pour les amateurs d'Histoire plus que de romans"
A la fin du VIIIe siècle, trois moines sont chargés par leur évêque d’établir un monastère bénédictin en Bretagne. Ils se trouvent confrontés aux machtierns locaux, c’est à dire à la noblesse bretonne encore opposée à Charlemagne, ainsi qu’aux “moines blancs”, successeurs des évangélisateurs du Ve siècle et encore influencés par les rites celtes ancestraux.
Le monastère à peine achevé devra se battre successivement contre les éléments naturels, puis contre une première révolte et enfin contre un siège doublé de trahisons dans ses propres murs.
Ce roman historique est original par son thème et par l’époque à laquelle il se déroule. Il permet de se plonger dans l’univers du royaume franc (pas encore Empire), encore morcelé et en proie à des rivalités culturelles fortes. La marche de Bretagne (Vannetais, Domnonée et Cornouaille) est présentée comme une région barbare, qui redoute l’influence franque et leur vision “progressiste” de la foi chrétienne (par opposition au syncrétisme christianno-celtique fourmillant encore de traditions druidiques).
Pierre Gief nous décrit cet univers avec justesse, à commencer par le chatelet de Garlond, qui n’est qu’une butte de terre fortifiée. On appréciera les descriptions de la vie monastique, et des problématiques de ces communautés religieuses livrées à elles-mêmes en milieu hostile. Sont également intéressants les rapports de force entre les différents personnages, dans un contexte de féodalité à peine naissante.
Les notes de bas de pages fourmillent de données passionnantes sur cette bretagne médiévale peu connue et peu traitée dans les romans historiques. L’auteur semble également bien connaître la foi catholique, et se sert de quelques notions théologiques pour crédibiliser les caractères et les raisonnements de ses personnages.
En revanche, les descriptions en début de chaque chapitre, bien qu'appréciables d’un point de vue littéraire, sont trop longues et ralentissent le rythme. L’action du livre est assez lente, et certains personnages, en plus d’être un peu “clichés”, sont inutiles.
Par ailleurs, les différentes péripéties auxquels sont confrontés les héros sont un peu trop détachées à mon sens l’une de l’autre : une intrigue plus complexe et moins “hachée” aurait sans doute rendu plus intéressante encore la lecture.
En conclusion : un ouvrage qu’on lira pour la description du contexte, le thème original (et passionnant) de la Bretagne confrontée aux francs de Charlemagne, d’avantage que pour le scénario lui-même qui souffre de quelques lourdeurs.
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Note globale :
Par Grégoire - 52 avis déposés - lecteur/trice régulier/ère
vendredi 11 septembre 2015