Avis de Benjamin : "Celui qui ne verse pas la zakat sera dans le feu le jour du jugement"
L’ouvrage est sous-titré L'économie, une science sans pitié. Le IIIe siècle de l’Hégire est marqué par la poussée du courant mutaziliste, auquel appartient Al Jahiz ; cette pensée appuie son rationalisme sur les traductions des grands ouvrages grecs, pour remettent en cause l’idée d’un Coran incréé, le fait que pécheur soit considéré comme un infidèle et la doctrine de la prédestination. La réaction face mutazilisme se traduit entre autre par l'émergence du sunnisme.
Le sunnisme collecte les hadiths et les rassemblent dans le Livre du commerce, un ouvrage qui définit la doctrine de l'économie marchande et du statut des marchands. Selon l’auteur « si le Coran est créé, il est réformable. Le droit de réforme appartient au plus fort, c’est-à-dire à celui qui détient le pouvoir politique. Si, au contraire, le Coran est incréé, aucun moyen légitime n’existe pour promulguer des lois contraignantes pour la communauté musulmane. (…) De la sorte, une séparation des pouvoirs est instituée entre l’exécutif et le législatif » (page 14). On peut rajouter que le législatif se fige sur des textes a priori éternels.
Les hadiths sont recueillis environ deux cent ans après la mort du Prophète, en interrogeant des descendants de la famille et des proches de Mahomet qui ont gardé en mémoire des anecdotes sur la vie de ce dernier. Omar Akalay montre à quelles sources renvoient les principales dispositions économiques qui sont destinées à réguler l’univers marchand en pays musulman et quoi la société byzantine est radicalement différente de la société régie par les lois de l’Islam. L’ouvrage est composé de huit chapitres intitulés : Le marché et son histoire, La doctrine idéale : le marché sous le signe de l’égalité, La doctrine des libertés individuelles, La doctrine des métiers interdits, La doctrine de l’esclavage et de l’affranchissement, La doctrine des transactions financières et de l’interdiction de l’usure, La doctrine de la régulation du marché.
De la conclusion, on retiendra particulièrement :
« Les pieux transmetteurs instituent la zakat, expression de solidarité de ceux qui ont eu la chance envers ceux qui ne l’ont pas eue. Solidarité pécuniaire des riches envers ceux qui ne le sont pas. Les pieux transmetteurs admettent que leur société sécrète de la pauvreté, de l’inégalité. C’est pourquoi ils ont imaginé et calculé un seuil de pauvreté qui déclenche la solidarité entre les membres » (page 147).
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