Avis de Zaynab : "De la soie dans son petit chez soi, c'est Byzance !"
"Le voleur de soie" est un roman historique (paru à l’origine en 2002) qui pose la question de la maîtrise de l’élevage des vers à soie en Europe. Un décret du comte du commerce (comprendre "ministre du commerce") réserve l’exclusivité du travail de soie importée aux ateliers qu’il possède à Constantinople. Théodore, fils d’un tisserand en soie songe d’abord dans une des nombreuses provinces de l’empire byzantin : « J’ai une idée. Nous quittons Constantinople, nous partons pour l’Afrique, ou pour l’Italie, ou pour l’Espagne, tous ces pays que l’empereur a conquis et qui ont fait tellement augmenter les impôts » (page 22) Ceci permet au lecteur adulte de ne pas attendre la rencontre avec l’empereur pour situer un récit qui n’est pas daté précisément. Grâce à la notice historique de fin d’ouvrage, on peut le situer autour de 550, c’est le règne de Justinien (qui se clôt en 565). Aidé de sa sœur Marcia et de son ami apprenti teinturier Olybrius, Théodore décide de voler de la soie là où elle est désormais stockée dans le Palais sacré de l’empereur romain d’Orient. Il y pénètre mais il est assez rapidement repéré et envoyé en prison. Là il rencontre un vieil homme qui a beaucoup voyagé et ce dernier lui en apprend beaucoup sur la route de la Soie et l’origine géographique de la production. Théodore propose à l'empereur Justinien de partir si besoin jusqu'aux confins de la Chine à la recherche des procédés de fabrication afin que des étoffes de cette matière soient produites ultérieurement à Constantinople. Au milieu de l’ouvrage, ils arrivent en Sogdiane (capitale Samarcande, où l’on parlait une langue de la famille de l’iranien, ce parler subsiste dans une partie du Tadjikistan) région clé pour le commerce de la soie. D’ailleurs les Sogdiens établis en Chine rachètent aux soldats chinois en garnison la soie qui rémunère leur fonction militaire et contrôlent ainsi le trafic de celle-ci vers l’Ouest. C’est dans cette région que nos héros trouveront toutes les informations nécessaires et se procureront des vers à soie. La Sogdiane étant alors encore très marquée par le respect de trois religions (christianisme nestorien, zoroastrisme, bouddhisme), aussi se faire passer pour des moines leur évitera bien des contrôles. Une notice historique de trois pages permet de situer l’époque et les lieux de l’action, oubliant au passage l’importance du christianisme nestorien en Sogdiane. Il est à noter que dans le tome 5 de la BD "Poupée d’Ivoire", la légende ou le fait historique du moine revenant dans l’empire byzantin avec des cocons caché dans un bâton est adaptée et permet la mise en scène d’un personnage qui se grime en Sun Wukong, le roi des singes du célèbre roman "Le pèlerinage vers l’ouest". Vu l’explicite des scènes sexuelles et certaines violences physiques (dont des tortures) on réservera la lecture de cet ouvrage à des collégiens ou lycéens. On est là face à un très bon roman historique, les personnages principaux sont attachants, ils vivent divers dangers et les connaissances historiques sont amenées très habilement sur divers univers (l’empire romain d’Orient, l’Asie centrale de l’époque) en nombre suffisant et jamais excessif. On peut le conseiller aussi bien à des collégiens qu’à des lycéens.
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