Avis de chevry : "indispensable"
Indispensable pour comprendre la transition entre l empire romain et le haut moyen âge. Rouche eclaire la mise en place des evenements et des logiques qui vont construire les siecles qui vont suivre. ToLbiac, Vouille, les Nibelungen, les relations avec Byzance, tout se met en place et, enfin, voici une lecture de l histoire qui montre les liens entre les evenements, qui fait place au simultané.
Pour connaisseurs
Peu d'illustrations
Note globale :
Par
chevry
- 19 avis déposés
- lecteur régulier
dimanche 12 janvier 2014
Je n'ai pas relevé dans ma critique ces "liens entre les évenements" dont vous parlez, mais je partage tout à fait votre avis. Malgré une période géo-politique européenne complexe (c'est le moins qu'on puisse dire !), Rouche arrive à rendre le déroulement fluide et les liens entre les différents royaumes de l'époques limpides.
Avis de Bertrand : "Clovis"
Cet ouvrage a été pour moi une véritable révélation.
La partie sur la chute de l'Empire Romain est à la fois complète et captivante :
chaque tribu barbare est détaillée avec détails (les lombards à longue barbe, les suèves aux longs cheveux noués en chignon sur la tempe droite, les Alains, terribles cavaliers nomades alliés aux Huns, etc).
On parcourt la gaule romaine, avec notamment les premiers monastères.
On rencontre Saint Martin, Saint Rémi, Sainte Geneviève, Saint Aignan (lors du siège d'Orléans, celui-ci guettait des renforts depuis les remparts, ce qui aurait donné la célèbre phrase "Agne, mon frère Agne, ne vois-tu rien venir ?" transformée plus tard en "soeur Anne ...")
On comprend comment et pourquoi les barbares composaient en fait l'armée romaine. (crise démographique, possibilité de payer un impôt pour éviter le service militaire ...)
Ce qui m'a le plus frappé est la façon dont Clovis a, en se convertissant au christianisme et en triomphant de l'hérésie arienne gothique, succédé en quelque sorte à l'Empire Romain. En effet, la religion chrétienne représentait non seulement la culture Romaine, mais aussi son organisation administrative (à travers les évêchés notamment). Les coups d'Etat et les empereurs usurpateurs étant fréquents à cette époque, c'est surtout cette administration qui "tenait" l'Empire. En tournant le dos aux croyances et pratiques germaniques, Clovis prend donc la suite de l'universalisme romain.
Après avoir situé le contexte de la prise de pouvoir de Clovis, on passe à la description de son règne.
On connaît la bataille de Tolbiac contre les alamans, où Clovis en appelle à l'aide du Christ pour la première fois.On connaît aussi Vouillé, où le roi franc tue de sa main Alaric II, roi des Wisigoths. Cette bataille a eu lieu dans un contexte où Thodoric, installé à Ravenne et prétendant au titre d'Empereur d'occident, est en conflit avec Zenon, et ne peut donc pas intervenir pour défendre ses alliés goths de l'ouest.
Mais ce qu'on connaît moins, ce sont par exemple les raisons personnelles de la conversion de Clovis. Michel Rouche montre en effet que, loin d'être une décision uniquement stratégique, cette conversion relève d'une réflexion profonde et personnelle de sa part qui a duré sept ans. En expliquant les tenants du christianisme des premiers siècles et ses oppositions dogmatiques avec l'arianisme, en détaillant aussi ce qu'implique une telle conversion au sein d'un peuple aux croyances païennes, l'auteur arrive à dégager le processus de réflexion qui a pu animer Clovis. On sait que le roi était très proche de Saint Rémi, qui a sans doute participé à sa prise de décision. On sait aussi que Clothilde, catholique par sa mère, avait déjà essayé sans succès de sensibiliser Clovis à sa religion.
Clothilde justement, à qui un large chapitre est consacré. Rouche parle de son mariage - et non celui de Clovis. Princesse burgonde, elle est en effet initialement de plus haut rang que Clovis. Grégoire de Tours écrit que l'oncle de Clothilde, Gondebaud a assassiné ses deux parents. Réalité historique ou exagération épique ? Rouche penche pour la première solution, et démontre son point de vue.
Dernier point du livre dont je voudrais parler : le massacre par Clovis de toute sa parentèle, pour éviter de perdre le royaume. Là encore, les explications de Rouche sur le contexte des grandes familles de l'époque, avec la succession par la mère (tanistry), aident à comprendre les raisons de ces actes de violence.
Pour conclure, je conseille vivement à tous la lecture de cet ouvrage.
En 400 pages environ, on comprend tout le contexte de l'antiquité tardive avec la chute de Rome, les peuples barbares, l'opposition christiannisme / ariannisme, l'avènement de Clovis ...
Et pour ne rien gâcher, on trouve en pièces jointes du livres une quinzaine de lettres en latin (avec la traduction en français) qui illustrent le propos de l'ouvrage. Lettres de Saint Rémi, de Théodoric ... Passionnantes à lire et commentées avec rigueur et détail par Rouche. Cette annexe du livre constitue à elle seule un passionnant témoignage de l'époque, et une source importante de connaissances.
Encore une fois, un vrai coup de coeur pour moi, un livre aussi passionnant qu'agréable à lire.
coup de coeur !
Pour tous publics
Peu d'illustrations
Plan
chronologique
Note globale :
Par
Bertrand
- 16 avis déposés
-
lundi 02 décembre 2013
Tout à fait d'accord avec ça. Ce livre est la référence sur Clovis, et de loin (du moins en français). Je partage le coup de cœur. Cette "biographie" (à l'image du Saint-Louis de Le Goff) en apprend presque plus sur le contexte que sur le personnage, mais c'est ce qui rend cette étude si intéressante.