Avis de Ernest : "Charles Martel: le marteau des Sarrazins"
Durant quasiment un siècle, les élèves du primaire ont appris : « 732 Charles Martel arrête les Arabes à Poitiers ». Cela était tellement connu que lorsque la ministre Édith Cresson décida de faire dédouaner tous les magnétoscopes à Poitiers, les médias annoncèrent : « 1982 Édith Cresson arrête les magnétoscopes à Poitiers ».
L’objectif de cet ouvrage est de mieux connaître les actions de Charles Martel et la façon dont on a pu l’évoquer à diverses époques. Georges Minois avait publié en 2010 une biographie de Charlemagne, le fils de Pépin le Bref et le petit-fils de Charles Martel ; c’est Charles Martel qui envoie au monastère le mérovingien Childéric III et assure ainsi le passe de la couronne aux carolingiens.
On voit que non seulement Charles Martel ne mène pas le combat de la chrétienté face aux troupes arabo-musulmanes conduites par Abd el-Rahman au nom du prophète, mais qu’en plus pour diverses raisons Charles Martel entretient de mauvaises relations avec l’Église. Sous sa houlette « les usurpations des biens d’ Église, les nominations d’évêques pour des motifs purement politiques produisent des résultats catastrophiques pour le vie religieuse, la discipline ecclésiastique et le spirituel » (page 205). On trouve, sous son règne, des évêques et des moines qui mènent des guerres privées pour agrandir leurs domaines et pratiquent régulièrement la chasse.
Ceci ne doit pas pour autant amener à considérer la bataille de Poitiers comme une escarmouche anecdotique mais à réfléchir plus profondément sur le rôle d’unificateur du monde franc qu’eut Charles Martel. On note un développement intéressant dans les pages 280 sur l’univers géographique que l’on met derrière le mot Europe, après 732 on passe progressivement à l’idée que l’Europe est définie par les terres où domine le christianisme.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations