Ecrire un avis

Le drame d’Azincourt : histoire d’une étrange défaite

Le drame d’Azincourt : histoire d’une étrange défaite
Albin Michel232 pages
1 critique de lecteur

Avis de Octave : "En France jamais l’Angleterre n’aura vaincu pour conquérir ; ses soldats y couvrent la terre, la terre doit les y couvrir"

Notre titre est tiré d’une phrase d’un opéra signé par Casimir et Germain Delavigne pour le texte et Halévy pour la musique ; créé en 1843, cette phrase n’est pas cité par Valérie Toureille dans "Le drame d’Azincourt : histoire d’une étrange défaite".

Dans l’ouvrage "La stratégie oubliée : Périclès, Frédéric le Grand, Thucydide et Cléon" (présenté ici) d’Hans Delbrück, il n’est pas question de voir en quoi les armées de Charles VII (avant ou après 1429 date où le dauphin est couronné) emploient la stratégie de "harassement" qui consiste à fatiguer l’ennemi, user sa volonté de vaincre soit par le harcèlement, soit par les manœuvres dilatoires y compris en le retenant longtemps et à un coup élevé face à des places fortes.  En lisant Valérie Toureille, on peut penser qu’après la désastreuse bataille d’Azincourt de 1415 et au moins jusqu’en 1435 (c’est-à-dire avant qu’au Traité d’Arras, Charles VII et Philippe le Bon mettent fin aux hostilités entre Bourguignons et Armagnacs), le fils de Charles VI et d’Isabeau de Bavière a laissé faute de moyens financiers à ses hommes d’armes ne pas pratiquer en priorité la stratégie d’écrasement qui se joue lors des batailles du type d’Azincourt.

S’appuyant en particulier sur les bandes d’écorcheurs conduites par La Hire, Dunois (ou "le bâtard d'Orléans") et Jean Poton de Xaintrailles, le camp du roi de Bourges mène des embuscades et des coups de main. L’apport d’un contingent de soldats écossais (certains étaient archers) menés par John Stuart et le comte Douglas ne fut pas négligeable, toutefois sans la résistance des populations locales, étonnamment fort là où on ne l’attendait pas à savoir en Normandie, l’élan insufflé par Jeanne d’Arc serait retombé. D’ailleurs cette dernière en voulant personnellement plus aux Bourguignons qu’aux Anglais était un obstacle dans la stratégie de renversement d’alliance menée par son roi qui désirait détacher les premiers des seconds.

«  La résistance à l’occupant anglais a revêtu trois formes qu’il faut distinguer. La première fut la plus conventionnelle : celle des places fortes qui tenaient pour Charles VII dans un environnement hostile. On pense évidemment au Mont-Saint-Michel, ou encore à Vaucouleurs. La seconde qualifie l’action des capitaines français en territoire ennemi, partisans un moment, écorcheurs ensuite, rassemblés à l’occasion sous ma bannière de Jeanne d’Arc. La dernière, la plus symptomatique, fut d’essence populaire. Elle renvoie aux révoltes, quelques fois sourdes, parfois spectaculaires, qui naquirent de façon spontanée dans les territoires occupés ». (page 127)

Il faut bien comprendre que cet ouvrage traite, et il faut s’en féliciter, bien plus sur les conséquences de la bataille d’Azincourt sur près de quarante ans puisque le récit s’arrête ici en 1453 avec la bataille de Castillon qui ne laissent plus, du royaume de France,  aux Anglais que Calais et les îles anglo-normandes. Le parti des Armagnacs a été démantelé en 1443 avec l’arrestation de Jean IV d’Armagnac. Le peuple de la France d’alors sort donc à la fin du Moyen Âge avec les prémices de l’idée qu’il constitue une nation, sans le désastre d’Azincourt cette prise de conscience aurait été bien plus tardive. L’intérêt principal de l’ouvrage est bien dans cette compréhension.       

Pour tous publics Peu d'illustrations

Octave

Note globale :

Par - 464 avis déposés - lecteur régulier

751 critiques
21/10/15
Exposition "Chevaliers et bombardes, d'Azincourt à Marignan. 1415-1515" du 7 octobre 2015 au 24 janvier 2016 organisée par le musée de l'Armée
513 critiques
25/10/15
La «fleur de la chevalerie française» défaite à Azincourt

http://www.herodote.net/25_octobre_1415-evenement-14151025.php
464 critiques
08/02/24
Comment un boulet de canon pouvait-il tuer autant de personnes à la fois? https://www.slate.fr/story/265658/boulets-canon-danger-meche-explosifs-mort
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Vous aussi, participez en commentant vos lectures historiques facilement et gratuitement !

Livres liés

> Voir notre sélection de livres sur La guerre de cent ans .

> Voir notre sélection de livres sur Les grandes batailles médiévales .

> Suggestions de lectures sur le même thème :
> Du même auteur :
> Autres ouvrages dans la même catégorie :