Avis de Adam Craponne : "Le dogue noir de Brocéliande premier patriote français?"
Bertrand du Guesclin est un Breton, pas obligatoirement très populaire en Bretagne car il a été au service des rois de France, d’ailleurs ses deux statues successives à Broons (son village de naissance) ont trois fois été l’objet d’un attentat dans les années 1970 et 1980. De son vivant, il subit l’opprobre des partisans de Jean de Montfort qui lui reprochent de soutenir Charles de Blois ; le "traître" à la fin de la chanson An alarc'h serait le chevalier breton. Cette chanson fait allusion à la reprise de son duché par Jean IV, avec l’appui de troupes anglaises en 1379 ; or du Guesclin n'engagea pas le combat contre le retour de Jean IV. À ce propos, Thierry Lassabatère écrit :
« C’est impuissant et résigné qu’il assiste ainsi, depuis les hauteurs des murs de Saint-Malo, au retour triomphal de Jean IV en son pays, le 3 août 1379, sur la rive dinardaise de l’embouchure de la Rance. Son impuissante inaction lui vaudra vite double peine : ressentiments bretons et reproches parisiens. Les proches du roi, Jean Le Mercier et Bureau de La Rivière, travaillent à le discréditer auprès de leur maître. (…) La rumeur, à tout le moins, du dépit du connétable avait dû circuler dès cette époque de la fin de sa carrière, ou au lendemain de sa mort puisque, comme le souligne Raymond Cazelles, le poète Eustache Deschamps s’en est fait l’écho à ce moment précis :
" Lors fut d’envie envahi
Et devant la cour trahi
(Envie est trop male bête) ;
Tel penchait vers lui sa tête
Duquel il était haï,
Qui feignait d’être un ami
Par tromperie malhonnête". » (pages 413-414)
Ainsi il semblerait qu’après sa mort ou de son vivant des écrivains comme Cuvelier, Froissart, Deschamps au XIVe siècle ainsi que Christine de Pizan au début du XVe siècle ont construit sa légende. Notons que ce même trouvère Cuvelier est l'auteur d'une Chanson de Bertrand du Guesclin, composé de plus de 23 000 alexandrins ; terminée en 1387 cette œuvre est considérée comme la dernière chanson de geste en français. Il faut considérer que dans cette production, Cuvelier entend bien placer Bertrand Duguesclin au rang de dixième preux :
« Luy fu après sa mort une grace donnee
Qui a tousjours pourra bien estre renommee,
Car avecques les IX preux est sa grace nombree
Le Xe appelé par sentence ordonnee. »
Selon Jacques de Longuyon (qui vivait à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle) les Neuf Preux incarnent toutes les vertus du parfait chevalier ; Aux trois héros païens (Hector, Alexandre, Jules César) s’ajoutent trois héros de l’Ancien testament (Josué, David, Judas Maccabée) et enfin trois héros chrétens (le roi Arthur, Charlemagne et Godefroy de Bouillon). Thierry Lassabatère propose un plan chronologique : Les temps désordonnés, Enfances d’un héros épique, Le dogue noir de Brocéliande, Autour du siège de Melun, L’année que nous aurons horreur 1364, La croisade espagnole, B. du Guesclin connétable de France, Mort et transfiguration.
Le but de "Du Guesclin : vie et fabrique d’un héros médiéval" est d'essayer d'étudier comment l'image de Du Guesclin s'est construite dans la littérature du Moyen Age dès son vivant et à la fin du XIVe siècle. Derrière le portrait dressé de ce personnage, on approche non seulement la vie du héros mais aussi la réalité d’une société qui est basée sur la vassalité mais où apparaît le qualificatif de "Français renégats", où une ascension sociale est ouverte aux chefs de bande de soldats, où se dégage une évolution dans les conflits armés (du Guesclin innove en cette matière par l’embuscade et fait un usage non négligeable des bombardes), où se paient les conséquences de la Peste noire, où émergent de notions telles que l’engagement politique des intellectuels et l’affirmation d’une certaine opinion publique, et où percent les prémices de l’État moderne.
La mémoire du connétable est ranimée par les Armagnacs après l’assassinat de Louis d’Orléans en 1407 sur l’ordre de Jean sans peur comme symbole de reconquête de territoires et de bras droit d’une autorité royale restaurée (page 432). L’ouvrage ne l’étudie pas mais signale que cette image de du Guesclin sera exploitée largement, en la tirant vers celle du patriote, avec les manuels scolaires de la IIIe république. Si l’index des noms de personne est très intéressant par contre la liste des noms de lieux cités est-elle celle du livre de Thierry Lassabatère ou de la Chanson de Bertrand du Guesclin. Outre qu’elle comporte des oublis comme par exemple Moncontour (celui du Poitou, pour 1372) qui est dans les deux livres en question, elle est totalement inexploitable, le choix ayant été fait de ne pas recenser les villes n'ayant aujourd’hui le titre de préfecture de département.
Pour connaisseurs Aucune illustration
http://www.ouest-france.fr/normandie/villedieu-les-poeles-50800/le-lit-baldaquin-de-bertrand-du-guesclin-fabrique-rouffigny-4089035
Spectacles: Vendredi 20 mai 2016, Samedi 21 mai 2016,
Vendredi 27 mai 2016, Samedi 28 mai 2016, Vendredi 3 juin 2016 , Samedi 4 juin 2016 " Batailles et Destinées " à
Nouaillé-Maupertuis. Uniquement sur réservation au 05.49.46.85.00 ou sur le site internet www.nouaille-1356.org
https://actu.fr/bretagne/rennes_35238/rennes-d-ou-vient-le-nom-de-la-place-des-lices_46141214.html?mgo_eu=6cda606809656247414ce5d82d7e43af&mgo_l=d6365c9f-4d85-4165-9d9a-ae0e1c866828.10.1