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Morgarten : Entre mythe et histoire 1315-2015

Morgarten : Entre mythe et histoire 1315-2015
Cabédita 107 pages
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Avis de Adam Craponne : "Encore une belle mêlée pour le XV !"

Dans leur ouvrage "La fatalité de l’an XV", Bernard Lecherbonnier et Serge Cosseron avaient bien traité de l’importance des années 1314 et 1315 dans l’histoire européenne, mais uniquement du point de vue de la France (l’avenir de la succession totalement masculine de la couronne de France qui se dessine et la triste fin des Templiers).

Toutefois ils avaient fait l’impasse pour ces mêmes années autour de l’élection à la tête de l’Empire en 1314 de Louis de Bavière. Cette élection fut contestée par le Habsbourg Frédéric d’Autriche et ce dernier y gagna le titre de roi de Germanie en 1326. Par ailleurs 1315 est la date de la bataille de Morgarten qui donne quasiment naissance à la Confédération helvétique et en conséquence oriente le destin des Habsbourg vers des espaces extra-alpins.

La bataille de Morgarten est livrée par la troupe d’environ 6 000 hommes du duc d’Autriche Léopold Ier (frère cadet de Frédéric) quatre fois plus  nombreuse  que celle des confédérés auxquels elle fait face. Louis de Bavière se réjouit, en compagnie du pape qui le soutient, du succès des Schwytzois dans leur attaque surprise et  confirme des droits et privilèges, aux trois cantons (Uri, Schwytz et Unterwald) qui constitueront la Suisse primitive,  que l’empereur Henri VII de Luxembourg avait accordé en 1309.

Rappelons que Habsbourg est le nom d’une localité actuelle du canton d’Argovie, que ce village abrite les vestiges d'un château éponyme et znfin que par ailleurs Werner Ier est le premier noble à se présenter comme comte de Habsbourg, ceci au milieu du XIe siècle. Un siècle après cette première défaite autrichienne, en 1386 le duc Léopold III de Habsbourg ayant décidé de conduire ses propres troupes lors de la bataille de Sempach, perdit la vie en se battant contre les troupes des trois cantons déjà cités, appuyées par les Lucernois. Deux siècles après Morgarten, c’est la bataille de Morat en 1476 qui voit les Suisses entamer sérieusement le rêve bourguignon d’un état qui ne serait plus vassal ni du roi de France ni du Saint-Empire romain germanique.  

Pierre Streit et Olivier Meuwly ne se contentent pas de raconter les causes, le déroulement, le pourquoi de la victoire helvétique et les conséquences immédiates de cette bataille, ils font toute l’historiographie de cet évènement et montrent l’importance qu’il tient dans une histoire suisse qui s’est largement construite autour des mythes. En 1915 l'évènement ne fut quasiment pas célébré, l'auteur nous dit pour cause de guerre mondiale mais sans plus expliciter les raisons profondes. Ne faut-il pas y voir là le souhait d'une Suisse alémanique de ne pas rappeler que le pays s'est construit au départ contre une Autriche dont on souhaite la victoire en compagnie de l'Allemagne dans le conflit contemporain qui se joue aux frontières du Jura bernois ?

La célébration du huitième centenaire de cette bataille en 2015 se fait non dans une perspective de rassemblement mais avec des objectifs de politique contemporaine diverses conclut Olivier Meuwly dans sa postface :

« Le Mortgarten instrumentalisé doit être compris, saisi comme arme politique, mais évincer de fait  son caractère mythique ne doit pas cacher, que même mué en escarmouche, il s’est produit en 1315, une confrontation militaire qui peut-être, annonce le désastre pour les Habsbourg, de Sempach, dont l »’importance n’st pas contestée ». (page 101)

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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