Avis de Xirong : "Une BD du patrimoine que nous n'aimerez pas Coucy couça"
L’ombre de Saïno est un récit mythique et certains d’entre nous ont pu fréquenter dans les années 1980 la première librairie de Marseille (dans le quartier du Cours Julien) uniquement consacrée à la BD qui prit ce nom-là. Les auteurs Pierre Forget pour les dessins et Jean Quimper (membre de la congrégation des Assomptionnistes) pour le scénario ont donné en 1958 ce récit au journal catholique Bayard, toutefois dès 1953 une première aventure de Thierry de Royaumont s’intitulait Le Secret de l’Émir. Mise à part les deux déjà cités on dispose également des titres La Couronne d’Épines et Pour sauver Leïla.
L’action pour L’ombre de Saïno est située dans la France du nord, autour du château de Coucy dans le département actuel de l’Aisne et non loin de Laon. Ceci est l’occasion de dire un mot sur quelques seigneurs de ce fief entrés dans l’histoire.
Ce récit plaira beaucoup à tous les fans de l’idée complotiste. Les actions malfaisantes à l’encontre des seigneurs se produisent en Picardie et au nord de la Champagne, au passage on notera que l’on parlait jusqu’en 1789 de l’Ardenne (les Ardennes devenant un nom de département) :
« Je sais seulement qu’une ombre terrifiante couvre tout le pays, de Soissons aux Ardennes » (page 7)
Les personnages autour du jeune chevalier et héritier du château de Royaumont sont un colosse au grand cœur nommé Gaucher, un jeune homme très débrouillard et affamé Sylvain, sa fiancée Leïla de Coucy née en Terre sainte, un homme de savoirs Galeran éventuellement escamoteur. Une habile fausse piste est glissée au départ de l’action.
Le château du héros a été pris puis évacué par le mystérieux Saïno mais le sire de Chabrilland a trouvé une boucle de ceinture dont la décoration ne lui est pas inconnue. Cet épisode évoque bien Saïno mais on ne voit que ses deux adjoints, il faudra lire le dernier tome Pour sauver Leïla afin de découvrir le visage de cet être malfaisant qui s’appuie sur un maître de la Pierre un Français, un maître de l'Eau Réza un Arabe et un maître du Feu Ni-Tsan un Chinois. Le graphisme est typique de l’époque des Trente glorieuses en dessin tendant vers le réalisme, on retrouve les cartouches jaunes. Le texte est très copieux et quasiment toutes les vignettes (à une demi-douzaine près) porte des mots, d’ailleurs parfois dans l’illustration, comme page 8 où un parchemin rappelle cette maxime :
« Roi ne suis, ni prince, ni comte, aussi je suis sire de Coucy ».
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations