1064, Barbastro: Guerre sainte et djihâd

Le pape Alexandre II fut le premier à prêcher la Reconquista et c’était en 1063 ; selon lui elle était devenue une urgence pour la Chrétienté. Hugues, sixième abbé de Cluny, relaie le message du pape dans toute la Bourgogne et  y participe son frère Thomas de Châlon à la tête d’un détachement armé.

Des Italiens, des Poitevins ainsi que des Aquitains (avec Guillaume VIII comte de Poitiers et duc d’Aquitaine) et des Normands sont également fort présents aux côtés des forces locales (en particulier du royaume d’Aragon et du comté de Barcelone). La cité de Barbastro en Aragon fut rapidement prise en 1064 mais l’année suivante la ville fut reprise par les Maures (avec à leur tête l’émir de Saragosse) et ne retomba définitivement dans les mains chrétiennes qu’en 1100. Les Croisés se sont emparés d’un gros butin tant matériel que humain, car des sources arabes mentionnent la capture d'un bon nombre de filles et de femmes.

Outre le Cid, apparaissent dans le récit Ferdinand Ier de Castille et Aisha nièce de l’émir de Saragosse. L’évènement inaugure l’intervention de chevaliers français dans la péninsule ibérique ; cela aura en prolongement à la fin du XIe siècle le fait que devient comte du Portugal Henri de Bourgogne quand son frère Raymond de Bourgogne est lui comte de Galice. Les auteurs s’interrogent sur le fait que ce fait d’armes n’ait pas été plus valorisé dans l’histoire officielle de l’Occident. On peut beaucoup regretter l’absence de carte de géographie historique, on aurait pu voir en particulier le peu d’espace qu’occupent les royaumes chrétiens dans la péninsule ibérique avant la fin du XIe siècle.