Avis de Xirong : "Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer"
On apprécie deux cartes de géographie historique pleine page et une sur une demi-page qui montrent l’état politique du sud de l’Italie, des Balkans et du Proche-Orient avant et après le déclenchement de la Première Croisade mais aussi des villes du royaume de France ou du Saint-Empire germanique en lien avec le déclenchement de ce pèlerinage armé. Cependant, on aurait aimé que tous les lieux cités, dans le récit, soient indiqués ; en effet seules certaines villes sont situées sur ces cartes.
Il est particulièrement intéressant de trouver exposées sur quelques pages les conditions dans lesquelles se font les pèlerinages d’occidentaux vers la Terre sainte et en particulier est évoqué le voyage au début du XIe siècle du duc de Normandie. La reconquête chrétienne du sud de l’Italie est très heureusement présentée. Aux explications denses de la conjoncture politique et religieuse qui motive la décision de départ en croisade, on aurait aimé toutefois voir ajoutée la dimension économique.
Par ailleurs parler de certains personnages sans dire leur nom est regrettable, on ne sait par exemple quel est le duc de Normandie qui part en pèlerinage et seul une certaine érudition permet d’identifier là Robert le magnifique qui meurt à Nicée, au retour d'un pèlerinage à Jérusalem. On s’interroge de savoir quel est le sultan seldjoukide qui « vient de tuer l’usurpateur » et remporte en 1071 la bataille de Manzikert, seule une recherche sur internet permet d’identifier Alp Arslan.
Il est vrai que l’on n’aurait pu faire ce dernier reproche si les évènements qui évoquent la situation des musulmans n’étaient aussi nombreux. Cela permet de suivre heureusement les interactions entre l’univers islamique mu par l’idée de djihad et la chrétienté fer de lance des croisades.
Sont évoquées là successivement les deux premières croisades, et cela permet de voir de nombreuses figures historiques dont Alix de Jérusalem princesse d’Antioche, Constance la princesse régente d’Antioche (épouse de Renaud de Châtillon) et Aliénor d’Aquitaine même si l’on doit deviner le nom de cette dernière. Les relations complexes que les suzerains latins entretiennent entre eux, avec les Grecs, les Arméniens et les souverains musulmans sont bien mises en scène. Il en ressort que le camp islamique profite de façon récurrente des rivalités qui agitent l’univers des chrétiens. Le récit se clôt avec la mort, par empoisonnement en 1162, de Baudoin III roi de Jérusalem, oncle de Henri II second époux d’Aliénor d’Aquitaine. Nûr ad-Dîn, présenté ici comme Noradine apparaît, pour ce début de milieu du XIe siècle, comme la figure principale de la contre-croisade musulmane ; on ne manque pas de souligner son esprit chevaleresque. Cet album n’est pleinement accessible qu’à des jeunes approchant une quinzaine d’années, vu sa richesse.
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