Les juifs au temps de saint Louis

Le titre Les juifs au temps de saint Louis de Juliette Sibon permet de faire le point non seulement sur les rapports que Louis IX avait avec le communauté israélite de son royaume de France mais aussi sur la vie intellectuelle et quotidienne des juifs au XIIIe siècle dans ce même espace. 

La dynastie capétienne doit beaucoup pour son image de défense de la religion chrétienne à Louis IX et donc au titre de "Fille aînée de l’Église" pour le royaume de France. L’Église canonise en 1297, vingt-sept ans seulement après sa mort, notre souverain. Dans l’histoire juive de cette époque, on a dressé un portrait d’un souverain quasiment inventeur de l’idée d’étoile jaune, en particulier à partir de ce qu’écrivait Isaac ben Moïse de Vienne (vers 1200-vers 1270) :

«  Lorsque j’étais en France, nous portions des roues sur les habits : on l’avait décrété pour tous les juifs en ce temps-là, c’était comme la marque d’un maître sur son esclave.»  

En fait, comme l’explique Juliette Sibon, le port d’une particularité vestimentaire imposée aux juifs par le concile de Latran IV en 1215 et en 1258 Par ailleurs ce même concile, convoqué par Innocent III, interdit aux Juifs d’occuper des fonctions d’autorité,  des relations professionnelles et sociales avec les chrétiens, de sortir pendant la Semaine sainte. Louis IX en 1269 impose le port de la rouelle après avoir été rappelé à l’ordre par Alexandre IV antre autre en 1258.

Louis IX publie des ordonnances contre l’usure et ordonne des autodafés de livres rabbiniques.  Toutefois l’action de Louis IX en direction des juifs est à nuancer. Ainsi il n’a jamais expulsé les juifs comme son grand-père Philippe Auguste l’a fait en 1182 ou son petit-fils Philippe le Bel en 1306. Par ailleurs le font aussi ses frères Charles d’Anjou (roi de Sicile) et Alphonse de Poitiers qui a en apanage le Poitou, la Saintonge et l’Auvergne. Louis IX poursuit les agitateurs qui violentent le juifs en Anjou et Maine en 1236 et ceux qui font de même en 1251 dans le groupe des Pastoureaux derrière le maître de Hongrie en 1251.

L’auteure cite les effectifs plausibles des communautés juives dans le royaume de France, on regrette que ne soit pas cité Moncontour en Poitou où entre autre Méir de Rothembourg (1215-1293) étudie et où réside le rabbin Ezra (dont le nom français serait "Profiat) par ailleurs prophète.  Méir de Rothembourg n'est donné que comme élève de Yehiel de Paris (page 111).

Après un début centré sur l’action propre au souverain, les deuxième, troisième et quatrième parties s’intitulent respectivement : La condition royale, Les juifs dans la vie économique et Les juifs dans le beau XIIIe siècle français. Dans sa conclusion l’auteur renvoie à l’idée que dans cet univers féodal, la situation des israélites varie d’un domaine seigneurial à l’autre aussi il ne faut pas se cacher que par exemple dans la partie languedocienne la situation est bien différente de celle connue en Île-de-France. On a l’impression finale que saint Louis a été rendu responsable de tous les malheurs des juifs dans son royaume alors que lui-même a plutôt mené une politique accommodante envers ces communautés.