Avis de Benjamin : "Jeanne d’Arc, fille du peuple"
L’ouvrage paraît en 1853 mais, de façon non autonome, on le trouve dès 1841, dans le tome V de L’Histoire de France de Jules Michelet. Le récit comporte six parties :
I Enfance et vocation de Jeanne.
II Jeanne délivre Orléans et fait sacrer le roi à Reims.
III Jeanne est trahie et livrée.
IV le procès. Jeanne refuse de se soumettre à l'église.
V La tentation.
VI La mort.
Pour Michelet, Jeanne d’Arc est la fille du peuple! Elle reprend le roi au nom du peuple quand elle estime qu'il n'est pas à la hauteur de son rang et de sa fonction. Bref une Jeanne qui annoncerait la Révolution française. Quelques extraits :
« Ce qui fait de Jeanne une figure éminemment originale, ce qui la sépare de la foule des enthousiastes qui dans les âges d’ignorance entraînèrent les masses populaires, c’est que ceux-ci pour la plupart durent leur puissance à une force contagieuse de vertige. Elle, au contraire, eut action par la vive lumière qu’elle jeta sur une situation obscure, par une force singulière de bon sens et de bon cœur. »
« C'était un rude voyage et bien périlleux qu'elle entreprenait. Tout le pays était couru par les hommes d'armes des deux partis. Il n'y avait plus ni route, ni pont ; les rivières étaient grosses ; c'était au mois de février 1429. S'en aller ainsi avec cinq ou six hommes d'armes, il y avait de quoi faire trembler une fille. »
« A Orléans, l'invincible gendarmerie, les fameux archers, Talbot en tête, avaient montré le dos ; à Jargeau, dans une place et derrière de bonnes murailles, ils s'étaient laissés prendre ; à Patay, ils avaient fui à toutes jambes, fui devant une fille... Voilà qui était dur à penser, voilà ce que ces taciturnes Anglais ruminaient sans cesse en eux-mêmes. Une fille leur avait fait peur, et il n'était pas bien sûr qu'elle ne leur fit peur encore, tout enchaînée qu'elle était... Non pas elle, apparemment, mais le diable dont elle était l'agent, ils tâchaient du moins de le croire ainsi et de le faire croire. »
Pour connaisseurs