Avis de SYRAH : "PAR LE GRAND SPECIALISTE DE L'IMAGE MEDIEVALE"
Jean Wirth est le plus grand spécialiste vivant de l'image médiévale. Paradoxalement, c'est un iconoclaste au sens figuré. De ses cinquante années de brillante carrière, il a fait une boucherie de vaches sacrées: un véritable massacre, une hécatombe. Courageusement, ce dont la grande conspiration des médiocres lui conserve une rancune tenace, il n'a pas hésité à renverser les idoles, cognant à droite, cognant à gauche, tant que le bras lui tenait.
La Petite Histoire du Christianisme médiéval se présente ainsi comme une courte synthèse sur le christianisme médiéval construite sur un plan résolument thématique, fondé sur une analyse structurale du régime de Chrétienté, en partant de la clef du système: la gestion très particulière de la parenté. "Chrétienté" et non "Eglise", et c'est là l'originalité de l'essai. Essai provocateur, comme il se doit pour du Jean Wirth, qui vient bouleverser les idées reçues et les lieux communs qui étouffent le champ de la recherche académique.
L'ensemble du propos se découpe en huit chapitres: la Bible, la doctrine (péché originel, Trinité, culte marial, eschatologie), l’Église (parenté spirituelle et instance médiatrice), ce que Wirth appelle la "réforme permanente" (les adaptations successives du christianisme aux réalités sociales et politiques), "savoir et pouvoir", l’échange avec le ciel, la réforme contre l’Église.
Le chapitre le plus important, le plus étoffé et le plus passionnant est sans conteste "l'échange avec le ciel". Les propos y sont originaux et convaincants concernant les objets et les modes transitionnels: croix, reliques, ex-votos, donations, etc. On y retrouve le grand Jean Wirth qui, loin par-delà les provocations et le massacre infatigable des imbéciles, produit aussi positivement de la réflexion originale sur l'image et ses statuts.
Tous les spécialistes savent bien que Jean Wirth accorde une importance suprême à la "contextualisation". De ce point de vue, sa réflexion "contextualisée" sur le christianisme médiéval est une réussite absolue. On ne peut regretter qu'une chose: c'est la brièveté de ce livre qui ne fait que 180 pages et semble avoir été écrit d'une traite.
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