La première édition de cet ouvrage date de 2005. Jacques Heers montre que la chute de l’empire byzantin en 1453 est largement due à l’affaiblissement qu’il a connu du fait de la prise de Constantinople en 1204 par les Francs. Il faut dire que l’empereur romain d’orient avait signé en 1189 avec Saladin un traité d'alliance par lequel il s'engageait à détruire l'armée des croisés menée par Frédéric Barberousse. Même si un compromis est trouvé entre les latins et les byzantins, les premiers y ont vu la confirmation de l'hypothèse selon laquelle le principal obstacle à la croisade est l'empire byzantin. Jacques Heers aurait dû développer ce fait qu’il est utile de connaître.
Les Francs finissent en 1204 par élever comme empereur byzantin l’un des leurs, Baudouin de Flandre et de Hainaut qui périt peu après avoir été fait prisonnier par les Bulgares. Une grande quantité de prétendues reliques migrent de la Grèce vers l’Europe occidentale et en particulier vers Venise (dont un des doges est l’âme damnée de cette croisade détournée) en ce début du XIIIe siècle, du fait de pillages (voir pages 100 à 106).
En 1261 la dynastie des Paléologue met fin à l’empire latin de Constantinople mais ne parvient pas à restaurer l’unité et la grandeur de l’empire byzantin. Des luttes de succession vont peupler la fin de cet état reconstitué. Les rapports entre les deux parties de l'Europe sont restés tendus aussi en 1453 aucun renfort occidental ne parvient à Constantinople et les murs de Constantinople ne résistent pas à l’arme nouvelle qu’est l’artillerie. En 1439 lors du concile de Florence, on avait rebâti une union entre Rome et les églises orthodoxes mais si le texte fut acceptée par certaines églises nationales, la grecque et la russe s’y opposèrent.