Mélusine: Le pacte de la Fée

La fée Persine désavoue une action accomplie par trois de ses filles. Elle décide successivement, pour les punir, que Palestine  gardera un trésor dans un donjon situé sur le Mont Canigou dans les Pyrénées, Ellior (ou Mélior) passera sa vie en compagnie d’un épervier magique dans un château d’Arménie, et que Mélusine prendra un corps de serpent tous les samedis. Notons que les derniers rois de l'Arménie (pour la Cilicie), étaient des membres de la famille des Lusignan (celle qui dit descendre de Mélusine) et que les Français d’origine arménienne sont 600 000, aussi il est dommage que page 222 il était fait l’impasse sur cette dimension arménienne.  

C’est le seul reproche que je ferai à ce roman, dont l’intrigue est habilement conduite. Dominique Aucher imagine qu’un trouvère (et non un troubadour pour rappeler les origines bretonnes de Mélusine) conte à Aliénor d’Aquitaine.  Le récit enchâssé commence par le moment où Raymond, le futur époux de Mélusine, est dans une forêt pour chasser un sanglier blanc. Le véritable drame survient quand un concours de circonstances amène Raymond à tuer involontairement son oncle. Mélusine est rencontrée par lui peu après et elle l’aide à se sortir de cette malheureuse situation.

Dominique Aucher adapte fidèlement, dans le langage d’aujourd’hui, tous les ressorts de cette légende, riche en rebondissements, aussi connue que la Chanson de Roland par tous les nobles au Moyen Âge. Aujourd’hui le Poitou, désuni en deux régions, se retrouve uni dans le partage de cette légende. Le village de Vouvant en Vendée et celui de Lusignan dans la Vienne sont les fers de lance de l’entretien de la mémoire de cette légende. De façon non moins  discrète une partie de la Bretagne et le Luxembourg la mettent également en valeur.

Divers enseignements sont à tirer de ce récit qui appartient donc au patrimoine de la littérature médiévale occidentale. Notre titre s’explique par le fait que, né en 1198 ou 1199 et mort en 1247 ou 1248, Geoffroy II de Lusignan est assimilé à le Geoffroy la Grand Dent, qui apparaît dans le roman de Mélusine comme le fils de celle-ci et de Raymond.