Avis de Aby Warburg : "Une bonne synthèse de cette guerre presque civile"
Puisque l'auteur est en effet l'historien de référence pour ce qui concerne la Bourgogne du Moyen-âge, pourquoi ne pas lui hommage pour ce récit pointilleux mais efficace et surtout accessible du conflit entre ces deux puissances politiques françaises durant le milieu du XVème siècle ?
Certes, quelques longueurs ça et là, peut-être oui une lourdeur ou deux, encore que le terme me semble bien fort. Sans doute des précisions inutiles et des paragraphes peu inspirés parfois. Estimera-t-on que la querelle du Grand Schisme a peu à voir avec l'évènement ? Pensera-t-on que les pages sur l'épopée de la Pucelle et l'implication des deux partis dans cette affaire apportent peu ? On pourrait en convenir. Mais cela n'est-il pas commun à la plupart des livres, historiques de surcroît, qui traitent souvent de sujets en périphéries du thème principal ?
Il faut comprendre que Armagnacs (je préfère le terme "Orléans" d'ailleurs, plus représentatif à mon avis) et Bourguignons, désirant diriger la France, se sont vus forcés de participer à tous les débats, quels que soit l'ampleur, l'importance et la priorité de ces débats. Car diriger la France à cette époque, royaume privé de son Roi par la maladie, impliquait d'avoir un avis sur tous les sujets (de conversation tout autant que les hommes), et pas seulement sur les seuls sujets concernant directement le conflit. Car si aucun des chefs de partis ne revendiquait le trône pour lui, chacun des deux estimait avoir la meilleure stratégie pour la gouvernance du pays.
Mais au-delà de ça, j'ai trouvé, il me semble, que Bertrand Schnerb avait réussi un bon livre d'histoire, plutôt court finalement, contrairement au "pavé" décrit par Bellabre, 389 pages ne constituant pas j'estime, un marathon pour les pupilles (c'est plutôt une moyenne basse pour un livre d'histoire), et surtout, se lisant très facilement, proche du roman parfois.
Je puis insister sur ce point puisque je l'ai lu très rapidement moi-même, et si nombre de livres donnent quelque peine et provoquent une certaine lassitude sur le sujet traité au fil des pages, il n'en fut rien ici, et je fus passionné du début à la toute fin par les aventures (on peut les appeler ainsi) des belligérants.
Je précise encore que ni le sujet, ni la période, ni même le thème abordé (gouvernance des puissants du Moyen-Age) ne sont de prédilection pour moi.
Ainsi à mon sens, mais peut-être et sans doute suis-je moins érudit que Bellabre quant au sujet, et donc moins las, ce livre constitue une excellente option pour apprendre sur la lutte entre Armagnacs et Bourguignons. État du royaume au moment de l'éclatement de la querelle, situation politique des deux partis en présence, gestion des relations internationales avec l'Angleterre, l'Italie, l'Allemagne, Belgique et Hollande (et même la Turquie avec la croisade de Hongrie faisant intervenir les deux partis), économie du royaume et des partis, Grand Schisme de l’Église, état des villes de l'époque (avec Paris et Arras comme centres de ralliements), opinion et révoltes des petites gens quant à la guerre destructrice provoquée par les puissants (ainsi les Cabochards) , Guerre de Cent Ans bien sûr, et Pucelle d'Orléans, tous les évènements sont contés au rythme il est vrai, tel le disait Bellabre, du jour le jour parfois (ce qui semble normal lorsque nous est narré par exemple l'assassinat du Duc d'Orléans à Paris en 1407, la poursuite de ses meurtriers et la recherche des commanditaires).
Tout ceci en fait un livre entraînant et dynamique.
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