Une ville à coeur ouvert

Lwów (en polonais), Lemberg (en Allemand), Lvov (en russe) et aujourd'hui Lviv (en ukrainien) désignent la même ville qui fut successivement polonaise, autrichienne (de 1772 à 1918), russe, polonaise, ukrainienne (en tant que cité d’une république de l’URSS) puis ukrainienne (en tant que ville d’un état indépendant). L’auteure est elle-même née dans cette ville, à l’époque de l’URSS, mais est issue d’une famille polonaise. Seule agglomération ukrainienne à être inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO du fait de la richesse de son patrimoine religieux, cette ville voit dévoilé ici l’ensemble de son architecture, chrétienne ou pas.

À travers quatre générations de femmes de la même famille, on revit nombre des soubresauts de l’histoire de cette ville de Galicie qui comptait, jusqu’en 1939, un tiers de juifs et une moitié de Polonais. Si les premiers furent massacrés en très grand nombre durant la Seconde Guerre mondiale, les seconds furent très largement expulsés dans les mois qui marquèrent la fin de ce dernier conflit. Aujourd’hui, elle est devenue un lieu de refuge pour des habitants de l’est de l’Ukraine, vu le conflit avec la Russie.

La narratrice se trouve orpheline d'un père pas si inconnu que cela (il s’agit en fait d’un jeune architecte passionné par la poésie) et d'une mezzo-soprano à l'opéra de Lviv, Marianna morte en 1988 dans une manifestation contre le pouvoir soviétique.   Sa grand-mère Ada n’a pas réussi à devenir peintre et a fait une carrière de médecin alors que son arrière grand-mère Stasia, d'origine polonaise, a fui Léningrad pour Lviv en 1944 après que son mari ait été arrêté  en 1937 par le NKVD. Étudiante, la conteuse démarre une liaison avec Mikolaj, qui fut l'amant de sa mère et est devenu professeur à l'Académie des Beaux-Arts de cette ville de l'ouest de l'Ukraine.