Avis de Grégoire : "Bonnes connaissances sur le sujet requises"
Cette bande dessinée en noir et blanc, format souple, raconte la jeunesse de François Mitterrand (1935 à 1943). Jeune étudiant en droit, journaliste talentueux, Mitterrand se forge vite une personnalité de meneur d’hommes.
Contrairement à ce que laisse penser le titre du livre, on ne peut pas le classer “à droite” à proprement parler, les repères étant évidemment différents à cette époque. L’ouvrage met en avant son catholicisme social, ses relations anti-communistes ou anti-socialistes, sa participation aux “volontaires nationaux”. Mais il semble qu’avant la guerre Mitterrand n’ait pas été intéressé par la politique elle-même. Réagissant à l’actualité brûlante de l’entre-deux-guerres, il est confronté à différents mouvements de pensées et concilie une origine sociale aisée à des fréquentations étudiantes engagées (dont des membres de La Cagoule).
En parallèle à cette conscience politique naissante, nous suivons tout au long du livre les amourettes de Mitterrand, sans trop comprendre leur intérêt. Est-ce pour présenter le futur président de la République comme un homme à femmes ?
Plus intéressant, se dessine petit à petit, dès les années 30, un anti-sémitisme ouvertement affiché et banalisé. Mitterrand s’y sera toujours opposé, et rencontrera son ami Dayan en le défandant face à l’action française.
Après la défaite de 40, il est fait prisonnier en allemagne, et s’évade en 1941. Il rejoint alors Vichy où il obtient un poste d’aide aux prisonniers de guerre. Sous l’influence de Laval, cette activité devriendra illégale en 1942, et Mitterrand entrera dans la résistance. Sa motivation est identique pendant toute la guerre : aider les prisonniers, les déportés, avec ou sans l’accord du gouvernement français. Il rencontre Pétain, qu’il défend, et qui est présenté comme une marionnette de Laval, chef d’orchestre de la collaboration.
L’évasion du général Giraud, qui rejoint l’armée française en Afrique du Nord aux côtés des américains (après un premier désaccord avec Eiseinhower), accélère la défiance de l’Allemagne qui envahit la partie sud de la France, et obtient soumission complète de Laval.
L’entourage de Mitterrand démissionne. La résistance dans laquelle il s’engage sous le pseudonyme Morland l’amènera à Londres et à Alger (où il s’oppose au neveu de De Gaulle, Cailliau, qui veut rassembler et diriger tous les mouvements d’aide aux prisonniers).
Cet ouvrage est passionnant sur le fond, mais j’ai trouvé le rythme trop rapide. Des épisodes s’enchaînent sans transition, et perdent parfois le lecteur non spécialiste des années 30 et de la seconde guerre mondiale.
Pour connaisseurs Plan chronologique
Note globale :
Par Grégoire - 52 avis déposés - lecteur/trice régulier/ère
vendredi 06 novembre 2015
http://www.franceculture.fr/histoire/anne-pingeot-se-confie-lhistorien-jean-noel-jeanneney