Avis de Alexandre : "Pour les traîtres douze balles dans la peau, pour les amiraux vichystes six balles suffiront"
Notre titre est une allusion à un mot célèbre de Clemenceau et on verra qu'il soulève un point sensible dans le discours de cette BD. Le contenu de cet album est fort captivant. Parmi les bonnes surprises, on relèvera la vignette autour de Jean Gabin qui sert dans les chars des fusilliers marins durant la Seconde Guerre mondiale. On note aussi le souci de croquer nombre d'officiers supérieurs et ministres de la marine, plus quelques hommes d'état comme Aristide Briand ou le général de Gaulle et pour les étrangers Churchill. Bref voici une BD dont on doit reconnaître les qualités considérables de l'illustration ; en quelques vignettes, au texte il est vrai conséquent , est approchée chaque étape de l'évolution de la marine nationale entre 1900 et 2015.
Il est fort dommage qu'un discours complaisant fort appuyé sur le gouvernement de Vichy et ceux qui l'ont servi avec enthousiasme soit présent à plusieurs reprises. Même si la plupart des lecteurs n'en percevront pas le manque de rigueur historique qu'il peut porter, beaucoup seront étonnés du ton de certains passages. Si on peut se réjouir qu'une place soit faite à la bataille navale de Koh-Chang qui s'est déroulée en 1941 entre les militaires thaïlandais et les forces françaises en Indochine, par contre le discours qui l'entoure est choquant. Il est malheureusement très significatif d'une sympathie du scénariste pour les hommes de Pétain.
Non ce combat n'est pas passé sous silence parce que ce sont les forces loyales à Vichy qui le gagnent mais parce qu'il n'a aucune conséquence et surtout pas celle assénée au lecteur, à savoir une non-occupation de l'Indochine par les Japonais en 1941. Tout d'abord cette victoire ne restreint en rien les ambitions territoriales de la Thaïlande puisque le Japon impose à la France de les satisfaire en lui livrant une partie du Laos et une partie du Cambodge. Deuxièmement le Japon trouve en Indochine, sans l'immobilisation de troupes en nombre conséquent, un gouvernement qui satisfait à ses désirs. Le jour où il pense que l'armée française devient un danger potentiel, il fait massacrer ses troupes ; bien entendu rien n'a été prévu par la direction vichyste de l'Indochine pour protéger l'armée face à une telle éventualité. Il fallait qu'un petit-neveu d'un officier supérieur prisonnier des Japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale le dise.
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations