Avis de Octave : "O salto"
Durant la Première Guerre mondiale, les soldats portugais combattent près d’Armentières, ce qui nous vaut d’ailleurs une photo de ces hommes dans Armentières 1914-1918: Les jours sombres de la Cité de la toile. Clémenceau rencontre, au printemps 1918, le général portugais Tamagnani dans le département du Nord au château d’Haverskerque qui abrite l’état-major de Corps Expéditionnaire Portugais. En Europe, Lisbonne a engagé 55 000 hommes.
Un mémorial aux combattants portugais a été érigé en 1923 dans la commune de La Couture dans le Pas-de-Calais. Les soldats portugais furent présents le 14 juillet 1919 sur les Champs-Élysées, une rue des Portugais à Paris était destinée à rappeler cette participation aux côtés des poilus. Les aviateurs portugais combattants sont assez nombreux et on nous donne leur nom.
Cet ouvrage ne l’évoque pas mais les Portugais se battent en Macédoine mais aussi en Angola à Naulila en décembre 1914 et au Mozambique. Certains villages de cette dernière colonie africaine étaient des bases arrières pour les forces du général Paul Von Lettow Vorbeck. Au Portugal la droite monarchiste est pour la neutralité et la gauche républicaine est pour la guerre ; le coup d’état de Sidónio Pais (qui s’était déclaré opposé à l’entrée en guerre du Portugal) en décembre 1917 a pour enjeu l’intensité de l’effort de guerre portugais. Le seul gain territorial, lors de la signature du traité de paix est au Mozambique le petit territoire de Quionga dont l’Allemagne s’était emparée en 1894, aux mépris des termes d’un traité signé en 1885 à Berlin.
Image absente du livre
L’immigration portugaise en France au XXe siècle devient officielle avec la signature d’une convention entre la France et le Portugal en 1916 ; on apprend que 14 000 civils portugais étaient présents en France pour l'année 1917 à part égale dans l’industrie et l’agriculture. L’histoire générale de cette immigration est l’objet de la seconde partie de l’ouvrage. Rappelons que jusqu’en 1999, les Portugais restent la nationalité immigrée la plus nombreuse en France. De plus, après la Crise de 2008, les ruraux portugais recommencent largement à émigrer et des citadins diplômés font de même. On est malheureusement obligé de signaler que cet ouvrage souffre de plusieurs imperfections dans la forme.
Dans le Val-de-Marne en particulier à Ivry, Vitry et Champigny les Portugais ont toujours été nombreux. Ces deux premières communes ont d’ailleurs servi de lieux de tournage pour le film Tous les rêves du monde de Laurence Ferreira Barbosa, une oeuvre qui est sortie en octobre 2017. La question identitaire est posée là et elle se module du total rejet des racines lusitaniennes à des essais d’adaptation aux deux cultures. On peut voir dans ce film que s’ils retournent même tous les étés dans leur pays d’origine, les jeunes Portugais n’en ont très souvent que l’image peu valorisante portée par le village où est né un de leur parent.
On peut souligner l’important travail de mémoire à Champigny-sur-Marne notamment autour du bidonville du Plateau lors des années 1950 et 1960 ; trois brochures ont été éditées autour de ce sujet. Ce sont : O salto : La mémoire en en partage, hommage à Louis Talamoni (maire communiste de l’époque qui a œuvré pour de meilleures conditions de vie), Bidonvilles en question ? Quelles résonnances en 2008 ? Souvenirs de Champigny et Mémoires d’exil.
Pour tous publics Peu d'illustrations