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Les Espagnols au Maroc 1859-1975:  De la Guerre d'Afrique à l'indépendance du Sahara espagnol

Les Espagnols au Maroc 1859-1975:  De la Guerre d'Afrique à l'indépendance du Sahara espagnol
Edilivre345 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "La queue du renard restera courbée même si tu la mets dans un trou pendant 10 ans (proverbe rifain)"

Alors que le Rif est en cette année 2017 la proie à une contestation prolongée, il n'est pas inintéressant de voir comment la présence espagnole s'y installa et comment elle prit fin. On sait qu'en 1578, avec la mort du roi du Portugal près de Ksar el-Kébir (ou Alcazar Quivir) au sud de Tanger, c'est la fin des ambitions portugaise au Maroc. Le sultan Ahmad al-Mansur est vainqueur et il étend aussi son pouvoir vers Tombouctou. Les dynasties saadienne puis alaouite (à laquelle appartient l'actuel roi du Maroc) règne donc au XVIe siècle de Tanger à Tombouctou et le fait qu'elle se maintienne à Tombouctou jusqu'en 1760 va servir d'argument pour revendiquer le Sahara espagnol lors de sa décolonisation.

Le Portugal passe d'ailleurs temporairement sous domination espagnole. Ceuta, prise en 1415 par les Portugais, est donc devenue espagnole en 1580 et l'est restée jusqu'à ce jour. Melila est tombée dans les mains hispaniques en 1497 alors que la presqu'île de Penon de Velez de la Gomera est espagnole depuis 1564. En 1860, à la suite d'une guerre entre les Espagnols et les Marocains, le réduit portuaire d'Ifni est cédé à Madrid, il atteindra 1 700 km2. Pendant la cinquantaine d'années qui suit les relations sont très conflictuelles entre les deux pays et nombre de ces événements extérieurs trouvent une répercussion dans la politique intérieure ibérique. Ceci nous est expliqué clairement dans le détail. Par ailleurs une population espagnole immigre régulièrement chaque année au Maroc. En 1896 on compte officiellement 8 000 résidents hispaniques au Maroc, essentiellement à Tanger et à Casablanca ; l'instabilité politique et l'hostilité aux Européens constituent un frein important à l'émigration.

En 1912 le Maroc est partagé en deux protectorats, l'essentiel du Rif revenant aux Espagnols. En fait après la perte de Cuba et des Philippines puis la vente des îles Carolines à l'Allemagne, l'Espagne n'a plus comme ancrage colonial que l'Afrique. Villa Cisneros est réoccupée en 1884 et depuis 1900 on lui a aussi reconnu le territoire de Rio de Oro au sud du 26e parallèle et au nord du 23e parallèle, ceci plus la Guinée équatoriale. Les hommes politiques du pays attachent aussi un grand intérêt au développement de l'implantation de colons sur ces nouveaux territoires même s'ils ne donnent pas toujours les moyens d'assurer la sécurité de ces gens.

Toutefois l'autorité espagnole est toujours restée fragile et l'on sait que la Guerre du Rif ne fut réprimée qu'à l'aide des troupes françaises et en particulier de l'aviation et des armes chimiques (gaz moutarde). Abd el Krim est « le fils d’un cadi de la tribu des Aït Ouriaghel, c’est un homme instruit qui a fréquenté les zaouias et l’école espagnole » (page 108).

Abdelkrim en 1921 à la bataille d'Anoual (image absente de l'ouvrage)

La République nomme Franco, déjà présent au Maroc de 1912 à 1917 puis de 1920 à janvier 1922 et enfin de 1924 à janvier 1928, à la fin de son séjour marocain général en chef des armées du nord du protectorat espagnol du Maroc en remplacement du général Gomez Morato. En 1936 le général Franco se rendra dans le Rif pour prendre la tête de l'Armée d'Afrique qui était composée pour moitié à la fois de la légion étrangère espagnole et de Maghrébins (encouragés à lutter contre les républicains athées et "enjuivés"). Un des rares sous-officiers marocains Mohamed Ameziane profitera d'une exceptionnelle opportunité pour devenir général.

L'auteur explique que le Protectorat espagnol du Maroc assure une certaine sauvegarde aux nationalistes marocains du Protectorat français dans l'après Seconde Guerre mondiale. Les dimensions culturelles et économiques de la présence espagnole dans le Rif ne sont pas oubliées. Il est rappelé que les Espagnols furent nombreux à s'installer dans le Maroc sous domination française ainsi que dans la région algérienne d'Oran. Dans les annexes, on note une très intéressante courte présentation des princes de la dynastie alaouite depuis le fondateur Moulay Ali Chérif (né en 1588) jusqu'à l'actuel souverain du pays et une liste des gouverneurs successifs (appelés "haut commissaire") du protectorat espagnol sur le Maroc.

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

Par - 751 avis déposés - lecteur régulier

751 critiques
04/06/17
332 critiques
05/06/17
Décès à Marrakech de l'écrivain espagnol Juan Goytisolo

http://www.huffpostmaghreb.com/2017/06/04/juan-goytisolo-marrakech_n_16945324.html
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