Avis de Ernest : "Si les conflits israélo-arabes sont les prémices d’une guerre entre l’Occident et l’Islam, il serait tant de résoudre la question d’origine"
Soit vous voulez vous convaincre que l’état d’Israël est le « symbole de l’Occident en terre d’Islam » (page 184) pour le bien de celui-ci et de l’Occident et vous serez ravi de l’ensemble du contenu de l’ouvrage. Soit vous pensez que c’est l’existence dans sa forme actuelle de cet état et du fait que justement Israël symbolise l’Occident aux yeux des musulmans qui a engendré le panislamisme radical et vous sauterez régulièrement au plafond face aux thèses développées.
On relèvera quoique l’on en pense des interprétations abusives, ainsi est-il surprenant de faire remonter le conflit israélo-arabe à « une haine fratricide qui trouverait sa source dans la Genèse, à travers le désir de vengeance ressenti par Ismaël, l’enfant adultérin d’Abraham, à l’égard de son frère légitime Isaac, père d’Israël » (quatrième de couverture). Il est vrai que cela permet de faire l’impasse sur la bonne cohabitation entre juifs et musulmans en terre d’Islam jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale et que la Guerre des Six jours eut des conséquences dramatiques sur la population israélite dans les pays arabes. Par contre est reprise, sous une forme certes un peu moins abrupte qu’autrefois, l’idée plus que discutable qu’en 1947 les Arabes se sont réfugiés dans les pays voisins « en attendant la défaite de l’État juif nouveau-né » (page 109)
Ceci dit il y a à prendre nombre d’informations dans cet ouvrage et en particulier dans la chronologie qui court de l’Antiquité à l’année 2015. Le lecteur se repère bien dans les occupations successives de cet espace du Proche-Orient et les négociations de Camp David, grâce à une forte volonté didactique qui montre bien comment l’idéologie sioniste se développa dans les cœurs et sur le terrain. Si comme le souligne l’auteure, la nation ne naît pas de la création d’un état, un peuple qui se sent originaire d’une région peut-il y trouver un statut de citoyen ?
On dispose de quatre cartes qui permettent de bien voir l’évolution des territoires aux mains d’Israël entre 1947 et 1967, on aurait aimé la présence d’une carte indiquant les territoires aujourd’hui sous contrôle total ou partiel du proto-état palestinien mais il est vrai que l’impression de mitage ne pouvait qu’être contre-productif pour l’image d’Israël.
Pour tous publics Peu d'illustrations