Avis de Benjamin : "Dix septembre 1915 premier numéro du Canard enchaîné"
Les numéros du Canard enchaîné de ses origines (1915) à 1945 seront très bientôt consultables sur internet, en attendant on peut voir quelques premières pages des années de la Première Guerre mondiale ici http://centenaire.org/fr/tresors-darchives/fonds-prives/archives/le-canard-enchaine-pendant-la-premiere-guerre-mondiale
Les auteurs de cette BD se sont entourés d’une conseillère historique Anaïs Paris dont la vigilance a été au moins deux fois trompée puisque l’on peut lire page 17 :
« En 1917, Clemenceau, le Perd-la-Victoire, comme l’appelle Maréchal, est nommé président du Conseil »
Double erreur au sujet du "Perd-la-Victoire", d’abord ce surnom n’apparaît qu’après la signature du Traité de Versailles et dans une presse nationaliste (voire royaliste) qui met sur le dos de Clemenceau que l’Allemagne n’a pas été démembrée et la Sarre annexée. Or le Canard enchaîné ne nage évidemment pas dans ses eaux là et de plus ne rabâche pas ces regrets vis-à-vis d’un Clemenceau qui ne l’intéresse plus dès qu’il a perdu le pouvoir (ce qui se fait quelques mois après la signature du Traité de Versailles). Par ailleurs lors de la mise e images de l’attentat contre Léon Blum en février 1936, ce dernier est présenté comme un syndicaliste (page 33).
Le récit est chronologique, il permet de connaître à la fois les hommes qui ont fait le journal (dont le dessinateur Gassier et l’écrivain Henri Béraud comme il est bon de le rappeler), l’actualité d’une époque et la façon dont Le canard enchaîné la traite. Par contre on a du mal à savoir qui écrit quoi dans le journal, même si on consacre quelques vignettes à André Ribaud et Moissan pour leur feuilleton La cour qui transpose les faits et gestes du général de Gaulle et ses ministres au siècle de Louis XIV et on oublie de préciser que ce récit se transforme en prenant le titre de La régence sous la présidence de Georges Pompidou.
On apprend que Le merle blanc est un très sérieux concurrent pour notre journal de 1919 à 1927, une documentation extérieure nous apprend que Le merle blanc tire à 800 000 exemplaires en 1922 et qu’on y trouve comme dessinateurs entre autres Arnac et Albert Dubout.
Les ennemis du Canard enchaîné sont bien ciblés et le problème que pose aux pacifistes du journal la montée du fascisme n’est d’autant moins éludé qu’il se traduit par des ruptures du côté des pacifistes intégraux (dont Jean Galtier-Boissière fondateur du Crapouillot). Si à la Libération Jeanson est admis à revenir, par contre tous ceux qui se sont fourvoyés dans le pétainisme ou dans un zèle pro-allemand sont écartés et en particulier le dessinateur Louis Frick (1898-1984). Si le journal disparaît entre 1940 et 1944, il renaît à la Libération mais son fondateur le Nivernais Maurice Maréchal est mort en 1942 ; cependant sa femme reste à la tête du journal pour une bonne vingtaine d’années. Pierre Bénard, qui travaille à La Montagne durant la première partie de l’Occupation (le journal se saborde à l’été 1943) retrouve la direction de la rédaction de l'hebdomadaire à la Libération, mais meurt en décembre 1946.
On suit à gros traits, par l’usage de la BD, en un peu plus de quatre-vingt pages l’histoire du journal jusqu’en 1970, après cette date de nouveau un peu plus de quatre-vingt pages sont consacrées cette fois à la quarantaine d’années qui suivent. Sauf pour quelques pages (comme l’affaire Pelat qui se traduit par le suicide Bérégovoy dont on accuse le journal d’être moralement responsable), on passe à une image commenté pour chaque évènement traité, par page on a de deux à quatre sujets.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations
http://bbernard.canalblog.com/archives/2013/01/05/26076045.html
http://www.laligue.org/le-blaspheme-et-la-liberte-dexpression/