Avis de Adam Craponne : "Quand les éléphants se battent, ce sont les fourmis qui meurent"
Christophe Carichon présente l'expérience, dans les domaines militaire et du renseignement de Jean Deuve. Ce dernier est le fils de François Deuve, admis à l'École navale en 1909, qui participe au début de la Première Guerre mondiale au blocage de la marine autrichienne dans la mer Adriatique. Nourrisson, Jean Deuve vit à Toulon, il fait ensuite sa scolarité primaire à Cherbourg et poursuit ses études secondaires à Toulon, Lorient et Brest. Malgré les réticences de certains évêques à l'égard du scoutisme (dont la provenance est celle d'un pays qui a rompu avec le pape pour devenir hérétique). Jean Deuve grimpe dans la hiérarchie scoute. Après son baccalauréat, il est en préparation au lycée Henri IV lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate.
Nous allons découvrir ensuite un très riche parcours: école Saint-Maixent (d'où il sort aspirant), bataille des Ardennes, Afrique de l'ouest, Indes britanniques, Laos puis passage au SDECE (service de contre-espionnage français). La moitié de l'ouvrage est consacré au rôle de Jean Deuve dans les conflits qui se jouèrent au Laos durant une trentaine d'années. Il est parachuté en janvier 1945 dans cette colonie française, restée sous contrôle vichyste (alors que quasiment toute la métropole est libérée), pour organiser une guérilla contre les Japonais (qui ne capituleront qu'en août).
Chef des services de renseignements français dans le Laos de la fin des années 1940, directeur de la police nationale laotienne de ce pays de 1949 à 1953, conseiller à la sécurité nationale auprès du Premier ministre du Laos, furent les responsabilités qu'assuma Jean Deuve. Expulsé du pays, suite à un coup d'état pro-américain, il n'en garde pas moins de sérieux contacts avec la guérilla anticommuniste qui s'organise à la fin des années 1970. On notera qu'il a été récemment réimprimé, chez Nouveau monde, l'ouvrage "Stratagèmes" de Jean Deuve. "Quand les éléphants se battent, ce sont les fourmis qui meurent" est un proverbe laotien, bien en lien avec l'histoire récente du pays.
Pour connaisseurs Quelques illustrations Plan chronologique