Avis de Octave : "Un ouvrage qui révèle un autre Jean Moulin"
C’est une biographie, très documentée sur des aspects inconnus, qui est offerte là et on y découvre des dessins de la main de Jean Moulin dont un autoportrait ; c’est d’ailleurs dès seize et dix-sept ans qu’il donne des dessins d’humour pour La Baïonnette et La Guerre sociale. Si, né en 1899, il est mobilisé en 1918 il ne combat pas et l’armistice le trouve à Charmes dans les Vosges.
L’auteure développe largement la carrière dans les préfectures et sous-préfectures du personnage dans l’Entre-deux-guerres ; elle n’oublie pas de nous faire connaître ses relations et en particulier que comme Pétain il rate un mariage parce que la famille de la jeune femme pense qu’il n’a guère d’avenir. Il continue à donner des dessins de presse dans plusieurs périodiques, signant maintenant Romanin. Bénédicte Vergez-Chaignon développe également autour du timide soutien des gouvernements de Front populaire à l’Espagne républicaine, dont Jean Moulin est un modeste rouage, en tant que directeur du cabinet de Pierre Cot, le ministre de l’Air.
Il a repris ses fonctions à la préfecture de Chartres, après sa tentative de suicide suite aux tortures que les Allemands lui avaient infligées pour qu’il couvre le massacre de tirailleurs sénégalais qu’ils avaient perpétré dans son département. Vichy le casse de sa fonctionde préfet d’Eure-et-Loir, à dater du 15 novembre au soir, pour manque visible d’enthousiasme pour les thèmes de la Révolution nationale, suite à un rapport de Jean Montigny qui n’est plus radical valoisien depuis 1932 comme nous devons le préciser (suite à une ambiguïté d’une phrase page 236 due à la reprise d’une information consultable ici http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/5388). Son action passée dans le département dont la préfecture est donc Chartres (la ville de "la tondue" en 1944) lui vaut de la part des conseilleurs généraux (eux-aussi déchus de leurs responsabilités) l’offre en particulier d’une édition originale de Jean-Christophe, un ouvrage de Romain Rolland qui « est un hymne à la réconciliation universelle où le héros atteint la sagesse après avoir traversé bien des épreuves » (page 238).
Ses resposabilités dans la Résistance sont plus connues, on verra avec étonnement comment furent choisis les représentants des partis politiques existant sous la IIIe République pour siéger au Comité national de la Résistance (ceci autour des pages 320). Si les conditions de l’arrestation de Jean Moulin par les Allemands sont bien décrites, par contre la recherche des responsabilités de celle-ci n’est pas traitée (elle a fait l’objet de nombreux ouvrages). Il semblerait qu’il soit mort à Francfort ; son corps est arrivé à la gare de l’Est.
Pour connaisseurs Quelques illustrations