Avis de Benjamin : "Benjamin inconstant en amour et modéré en des temps immodérés ?"
Benjamin Constant a des ancêtres dans l’Artois du côté de son père et du Mâconnais du côté de sa mère, en fait ce sont les problèmes religieux qui les amènent à Genève ou dans les régions contrôlées par les Bernois, bref dans des univers protestants helvétiques. Toutefois plusieurs de ses ancêtres servent Louis XIV ou Louis XV comme officiers (jusqu’à devenir colonel) d’un régiment de suisses. Par ailleurs dans sa jeunesse Benjamin Constant de 1775 à 1780 séjourne longuement à Bruxelles et une année à Édinbourg. Il arrive à Paris en 1785 et une annexe propose de faire connaître les lieux de séjours du personnage et ses propriétés en France, on note qu’outre ses résidences secondaires à Paris, à partir de 1802 il se rend dans sa propriété située sur la commune de Saint-Martin-du-Tertre, aujourd’hui dans le Val-d’Oise. Sous la Restauration, il est successivement député de la Sarthe, de Paris puis du Bas-Rhin.
L’ouvrage "Benjamin Constant (1767-1830): les égarements du cœur et les chemins de la pensée" permet de suivre de façon chronologique la vie de Benjamin Constant. Il en resort qu’en politique Benjamin Constant fut fidèle à l’idée du libéralisme (dans le sens idéologique de l’époque) et que ceci lui valut bien des ennuis avec les gouvernements français de tout bord. Dans le libéralisme Benjamin Constant voit un outil pour identifier qui tient les rênes du pouvoir et empêcher les dirigeants de détruire la liberté de l'individu. Ses écrits sur le libéralisme doivent être compris comme une réflexion sur le pouvoir et la possibilité constante de s'opposer aux abus des gouvernants.
Cela nous permet de comprendre comment il a pu être un partisan de la Révolution française et dans le même temps un adversaire des Jacobins et de la Terreur, un opposant au pouvoir de l'Empereur, un conseiller de Bernadotte devenu roi de Suède, un homme que Napoléon Bonaparte solicite lors des Cent Jours pour donner à la France une nouvelle constitution destinée à retoquer le régime impérial, puis dans les années de la Restauration, le chef de l'opposition de gauche (ses écrits dans Le Mercure puis La Minerve française sont très attendus et souvent censurés) et l'un des partisans d'un changement de régime qui mènera au trône Louis-Philippe. En reconnaissance le nouveau roi le soulage de ses soucis financiers en lui faisant un don de 300 000 francs.
En 1817 avec l'affaire Wilfrid Regnault, il joue à Voltaire dans l'Affaire Callas, du point de vue de l'accusé le protestant s'étant mué en jacobin.
En amour il multiplia les projets de mariage, le nom d'une femme, reste cependant inextricablement lié à sa destinée: celui d'Anne-Louise Germaine Necker, mieux connue comme Madame de Staël. Dans un texte il oppose précisément deux visions de la liberté. Son idée est que dans le monde classique être libre c'est participer activement à la vie de la communauté (la polis, la res publica) et de se plier aux traditions de cette dernière, alors que dans le monde moderne l'individu est libre en gagnant sa sphère d'autonomie personnelle, de sorte à pouvoir vivre à sa façon.
Revisiter l'histoire de France entre 1789 et 1830 à travers la vie de Benjamin Constant est l'invitation qui nous est faite ici en filigrane, la refuser serait faire preuve d'une grande absence de curioisité intellectuelle.
Pour connaisseurs Aucune illustration